à Londres (Photo : Justin Tallis) |
[23/01/2012 13:18:29] LONDRES (AFP) Le commissaire européen en charge du marché intérieur, le Français Michel Barnier, a réaffirmé lundi devant la City de Londres sa ferme opposition aux demandes du Royaume-Uni en faveur de son secteur financier, devenues une pomme de discorde avec le reste de l’Europe.
Souvent présenté par la presse britannique, largement eurosceptique, comme un “ennemi”, M. Barnier a assuré lors d’un discours devant un parterre de dirigeants de la finance qu'”il n’y a pas de complot contre la City” destiné à favoriser Paris ou Francfort à son détriment.
Il a néanmoins opposé une fin de non-recevoir aux demandes d’exemption du Royaume-Uni à l’origine du veto mis au dernier sommet de Bruxelles par le Premier ministre conservateur David Cameron sur un nouveau traité européen.
Ses partenaires avaient alors refusé que la City puisse s’opposer aux nouvelles règles européennes de régulation financière, un domaine où les décisions sont actuellement prises à la majorité et non à l’unanimité.
à Londres, le 16 janvier 2012 (Photo : Justin Tallis) |
“Ouvrir la porte à la règle de l’unanimité sur les services financiers entraînerait des demandes similaires sur d’autres secteurs de la part d’autres Etats membres. Et cela conduirait à la fin du marché unique”, a assuré M. Barnier.
Les Britanniques font précisément de l’approfondissement du marché unique européen l’un de leurs objectifs prioritaires pour relancer la croissance au moment où le Royaume-Uni comme la zone euro sont menacés d’un retour dans la récession.
“Il ne peut pas y avoir deux marchés uniques. Un pour les services financiers et l’autre pour le reste de l’économie”, a insisté le commissaire européen.
“Le secteur financier constitue un intérêt national pour le Royaume-Uni. Les industries chimiques et l’automobile constituent un intérêt national pour l’Allemagne. Et c’est la même chose pour la France en ce qui concerne l’agriculture ou le secteur alimentaire”, a-t-il expliqué.
Devant un auditoire qui était loin de lui être acquis, M. Barnier s’est aussi prononcé en faveur de l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, honnie par Londres.
Il a estimé que cette taxe était “faisable et, par-dessus tout, juste”. “Mais au bout du compte, a-t-il ajouté, la taxe sur les transactions financières ne sera pas imposée au Royaume-Uni contre sa volonté”.
M. Barnier a aussi tenté d’apaiser les craintes de la City en assurant que depuis son entrée en fonction il y a deux ans “le Royaume-Uni n’avait pas été mis une seule fois en minorité sur des règles ayant des implications” sur son secteur financier.
Il a également assuré que la réforme britannique du secteur bancaire, visant à isoler les activités de détail de celles d’investissements plus risquées, peut être appliquée séparément “d’une façon compatible avec les règles européennes”.
Pour lui, “l’Union européenne ne doit pas brider l’énergie de la City”, mais “c’est dans l’intérêt de la City et dans l’intérêt britannique en général de jouer le jeu européen”.
Après ce discours, M. Barnier devait rencontrer le ministre britannique des Finances George Osborne, qui avait comparé les projets de régulation européens à “une balle destinée à atteindre la City en plein coeur”.