ArcelorMittal : nouvelle fermeture de hauts fourneaux en vue, en Espagne

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ArcelorMittal (Photo : Michel Gangne)

[23/01/2012 14:33:35] PARIS (AFP) ArcelorMittal devrait annoncer mardi, selon les syndicats, l’arrêt définitif d’une aciérie à Madrid, qui, après la fermeture de celle de Liège et la mise en veille de nombreux hauts-fourneaux, montre une volonté du leader de la sidérurgie de rationaliser son réseau de production face à une demande en berne.

“Nous avons reçu vendredi soir une convocation à un comité d’entreprise européen à l’issue duquel le groupe devrait annoncer la fermeture définitive du site de Madrid”, a indiqué lundi Edouard Martin, représentant de la CFDT.

Selon le syndicaliste, l’usine de Madrid serait fermée, sans pour autant qu’un arrêt définitif de l’outil industriel soit annoncé. “C’est la méthode du groupe ArcelorMittal de démanteler des sites sans avoir à débourser des fonds pour dépolluer les terrains”, a-t-il déploré.

En effet, pour l’heure, la direction du groupe reste ambiguë. ArcelorMittal Espagne “envisage de prolonger pour une période indéfinie l’arrêt du haut fourneau électrique et de la production d’acier associée sur son site de Villaverde (Madrid)”, selon un communiqué de la direction.

Le mot “fermeture” n’est pas prononcé. Il n’empêche que d’ores et déjà le groupe assure être “en mesure d’offrir à chacun des employés un autre emploi au sein du groupe en Espagne”.

L’aciérie espagnole, déjà à l’arrêt depuis plusieurs mois, emploie 325 personnes. Le site de Villaverde devrait encore employer une centaine de personnes sur des activités notamment de logistique et de distribution.

La raison évoquée pour ce nouvel arrêt de site est sans surprise la faiblesse de la demande en acier. ArcelorMittal cite “la faiblesse persistante du marché de la construction espagnole et l’absence de tout signe de redressement à court terme”.

Ralentissement

Très en amont de la chaîne industrielle, la sidérurgie subit généralement en premier et de plein fouet tout ralentissement économique. Depuis l’été et la montée en puissance de la crise de la dette, la demande en acier a nettement ralenti et la direction d’ArcelorMittal a réagi au quart de tour, sur le modèle de ce qu’elle avait fait en 2009, en mettant en veille des hauts fourneaux européens pour faire tourner en priorité les plus compétitifs, comme ceux de Fos-sur-Mer et de Dunkerque.

Par cette stratégie, le groupe prévoit d’économiser un milliard de dollars.

Mais, chez les salariés, les inquiétudes sont montés d’un cran en octobre quand la décision a été prise de fermer définitivement deux hauts-fourneaux à Liège, en Belgique.

Dénonçant la stratégie d’ArcelorMittal d’isoler les annonces de fermetures de ses usines en Europe, Edouard Martin craint que le groupe ne s’arrête pas à Liège et à Madrid. Le prochain site concerné pourrait être celui de Schifflange au Luxembourg, à l’arrêt depuis octobre, selon lui.

Le site français de Florange concentre aussi les craintes, avec ses deux hauts fourneaux fermés depuis des mois.

“ArcelorMittal Florange est temporairement mis en veille jusqu’à ce que la situation de la demande mondiale soutienne un redémarrage”, a répété à l’AFP une porte-parole du groupe lundi. L’une des chances du site, l’un des derniers restes de la sidérurgie lorraine, réside dans un projet pilote –encore hypothétique– de captage-stockage de CO2, le premier sur une aciérie.

Du côté des investisseurs, toujours dans l’attente d’une compétitivité renforcée signe d’une meilleure rentabilité, la restructuration du réseau industriel européen d’ArcelorMittal est bien perçue.

“Nous aimons la démarche du management de réduire ses capacités et de restructurer les opérations en Europe. (…) Nous pensons que la direction travaille encore sur des plans de réduction de 15% des capacités en Europe”, écrivaient il y a quelques jours les analystes de Deutsche Bank dans une note.

Le titre ArcelorMittal gagnait 0,89% à 16,39 euros à 15H09 (14H09 GMT).