La zone euro met la pression sur la Grèce et ses créanciers

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élos Vénizélos, le 23 janvier 2012 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[24/01/2012 05:17:05] BRUXELLES (AFP) La zone euro a haussé le ton lundi soir à l’égard de la Grèce en conditionnant tout nouveau prêt à des efforts supplémentaires ainsi qu’en réclamant de ses créanciers privés un geste plus important pour réduire la dette du pays et éviter la faillite.

Une nouvelle fois, “le programme (budgétaire) grec a dérapé” par rapport aux prévisions, a admis le chef de file des ministres des Finances de l’Union monétaire, Jean-Claude Juncker, à l’issue d’une réunion de leur forum, l’Eurogroupe, qui s’est achevé tard dans la nuit.

En conséquence, “il y a eu un consensus pour dire que le temps presse, la Grèce doit désormais avancer concrètement dans ses réformes structurelles et créer de la croissance afin de rendre sa dette soutenable”, a affirmé le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager.

“Sans cela, nous ne pourrons pas continuer à lui prêter”, a-t-il ajouté.

Pour le chef de file de l’Eurogroupe, il faut que le gouvernement grec et ses principaux bailleurs de fonds (Fonds monétaire international, Commission européenne et Banque centrale européenne, ndlr) se mettent “d’accord dès que possible sur les principaux paramètres d’une nouveau programme d’ajustement ambitieux”.

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

L’objectif est que la Grèce puisse tenir ses engagements de réduction des déficits, car selon les comptes budgétaires de 2011, les revenus publics grecs n’ont pas atteint les objectifs fixés, en dépit d’une avalanche de taxes imposées dans le cadre d’une cure de rigueur.

Mais les efforts ne devront pas porter uniquement sur la partie budgétaire: le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a mis l’accent sur la nécessité pour Athènes d'”accélérer la mise en place de réformes structurelles pour renforcer son économie et sa croissance”.

Faute de quoi, le nouveau programme de 130 milliards de prêts européens promis en octobre dernier à la Grèce, et toujours pas concrétisé, ne pourra commencer à être versé, a-t-il prévenu.

En parallèle, la zone euro a demandé aux autorités grecques et aux créanciers privés du pays de trouver un accord de principe “dans les jours qui viennent” sur la réduction de la dette du pays, alors que les négociations patinent.

Athènes doit impérativement avoir finalisé un accord d’ici le 20 mars au plus tard, date à laquelle le pays doit rembourser plus de 14 milliards d’euros de prêts.

Surtout, M. Juncker a estimé que la contribution du secteur privé était en l’état insuffisante. Il a appelé à ce que les taux d’intérêt pour les nouvelles obligations que doivent recevoir les banques en échange des anciennes soient “clairement en dessous de 4%”, alors que le secteur privé demande au moins ce niveau. In fine, les taux devraient se situer entre 3,5% et 4%, a-t-il ajouté.

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à Bruxelles (Photo : John Thys)

Si elles estiment l’effort demandé excessif, les banques ont menacé de décréter que la restructuration en cours de la dette grecque ne serait plus “volontaire” mais contrainte, ce qui provoquerait un défaut de paiement du pays aux conséquences incalculables.

Les négociations en cours visent à réduire de 100 milliards d’euros la dette détenue par les banques et fonds d’investissement, de manière à ramener l’endettement public du pays à 120% du produit intérieur brut à l’horizon 2020.

L’opération doit être réalisée via un échange d’anciennes obligations contre de nouveaux titres, avec au centre des tractations la rémunération accordée à ces derniers.

Des sources au ministère grec des Finances ont fait savoir lundi soir qu’Athènes va poursuivre les négociations avec ses créanciers privés en se fixant le 13 février comme date-butoir pour lancer l’opération.

Une échéance qui impose de boucler un accord avant le 3 février, a indiqué une source proche des négociations.

En attendant une éclaircie en Grèce, les ministres des Finances européens se sont attelés lundi soir à une autre tâche: peaufiner leur arsenal anti-crise.

Ils ont ainsi adopté un traité établissant le futur Fonds de secours permanent de la zone euro, le MES, qui ne bénéficiera toutefois qu’aux pays ayant ratifié le pacte budgétaire en discussion et censé renforcer la discipline commune en Europe.

“En deux mois, on est passé à un Mécanisme européen de stabilité inscrit dans la durée, applicable dès 2012 et signé cet après-midi, c’est dire si l’Europe avance vite”, s’est réjoui le ministre français, François Baroin.

S’ils ont défini certains modalités de ce fonds, les ministres n’ont en revanche pas tranché sur son enveloppe, renvoyant cette question à plus tard.

Augmenter la taille du futur MES “serait d’un grand secours”, a plaidé lundi la directrice du FMI, Christine Lagarde, soutenue par la France. Mais le sujet divise les Européens.

Le pacte budgétaire, voulu à tout prix par Berlin, est lui aussi en cours de finalisation. Il prévoit notamment l’inscription d’une règle d’or sur le retour à l’équilibre des comptes publics.

M. Juncker a parlé de progrès dans les discussions. Mais il reste encore des points de litige qui devront être tranchés par les dirigeants européens lors du sommet du 30 janvier.