Dette : le gouvernement nippon veut doubler la taxe sur la consommation

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à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[24/01/2012 06:52:18] TOKYO (AFP) Le Premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, a annoncé mardi qu’il présentera un projet de doublement de la taxe sur la consommation au Parlement d’ici à la fin mars, afin de pérenniser le système de protection sociale et de contenir la dette colossale du pays.

“La proposition de loi du gouvernement et de la coalition majoritaire prévoit d’élever la taxe sur la consommation (de son niveau actuel de 5%) à 8% en avril 2014 et à 10% en octobre 2015, si l’économie repart d’ici là”, a déclaré M. Noda devant la Chambre des députés à l’occasion de la reprise de la session parlementaire.

Aux commandes depuis le mois de septembre, le Premier ministre de centre-gauche joue son avenir politique sur cette réforme que les conservateurs, majoritaires au Sénat, ont promis de combattre.

“J’espère que tout le monde dépassera ses intérêts boutiquiers et participera aux négociations sur cette proposition, dans l’intérêt de tous et du pays”, a souligné M. Noda.

Arrivé au pouvoir en septembre, M. Noda, un partisan de la rigueur budgétaire, présente cette augmentation d’impôt indirect comme indispensable pour maintenir la protection sociale d’une population japonaise vieillissante.

Par ailleurs, la dette de la troisième puissance économique mondiale atteint quelque 200% de son produit intérieur brut, la proportion la plus élevée parmi les pays développés, et le gouvernement finance plus de la moitié de son budget par l’émission de nouvelles obligations.

Les taux d’intérêt associés à ces crédits restent très faibles car les pouvoirs publics peuvent compter sur l’épargne privée massive des Nippons pour emprunter, mais M. Noda a prévenu que la situation pourrait se retourner si le pays n’agit pas.

“Au moment où les marchés financiers partent dans tous les sens, une perte de confiance dans nos finances serait irréparable. C’est évident lorsque nous voyons la situation des pays européens”, a souligné le Premier ministre.

Il juge d’autant plus nécessaire de renforcer la discipline comptable que le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire qui ont frappé le nord-est du Japon le 11 mars entraînent un surcroît de dépenses publiques de reconstruction.

Fin août, l’agence de notation financière Moody’s a réduit d’un cran la note de la dette du Japon, à Aa3, la quatrième meilleure possible sur 19 échelons. Ses concurrentes S&P et Fitch créditent l’archipel d’appréciations comparables, mais menacent de les baisser.

Ces désastres du printemps dernier ont fortement perturbé jusqu’à cet automne l’activité des entreprises nippones. La croissance a tant bien que mal redémarré depuis, mais fait face aux vents contraires d’une conjoncture mondiale dégradée et de l’appréciation subséquente du yen qui bride les exportations.

Dans des prévisions actualisées mardi, la Banque du Japon (BoJ) a estimé que le produit intérieur brut (PIB) du Japon allait globalement se contracter de 0,4% pendant l’année budgétaire en cours (avril 2011 à mars 2012), alors qu’elle s’attendait encore à une croissance de 0,3% dans son estimation précédente datant d’octobre.

Elle envisage en outre une hausse de 2,0% du PIB en 2012-2013, contre +2,2% selon l’évaluation antérieure.

L’institut d’émission a notamment évoqué les répercussions sur l’économie japonaise des problèmes d’endettement européen qui rejaillissent sur l’ensemble du monde à travers les marchés.