éléchargement de musique sur un site peer to peer (Photo : Loic Venance) |
[24/01/2012 11:21:06] PARIS (AFP) Les services de musique en ligne sont pour la plupart à peine rentables aujourd’hui, mais l’industrie tous supports confondus pourrait bientôt voir le bout du tunnel, avec une stabilisation du chiffre d’affaires du secteur en 2012, selon une étude menée pour l’Hadopi.
Début 2011, la filière musicale et les éditeurs de sites ont pris 13 engagements afin de favoriser l’essor de la musique en ligne, dont celui de faciliter un état des lieux sur la répartition de valeur entre les différents acteurs de la chaîne.
Trois experts indépendants ont été missionnés par l’Hadopi pour effectuer ce travail.
Dans leur rapport, publié mardi, ils estiment que le marché de la musique en ligne, qui représente 20% du marché de la musique enregistrée (CD, DVD, téléchargement, streaming…), est encore “en phase de transition”.
La musique en ligne atteint “tout juste l’équilibre et ne constitue pas encore un relais de croissance suffisant pour soutenir l’activité des producteurs”, constatent-ils.
Les auteurs ont obtenu des chiffres, rarement divulgués, sur l’économie des sites de musique en ligne.
Ils montrent que, pour l’essentiel, ces services ne sont pas encore rentables, que ce soit pour le streaming par abonnement, le streaming audio ou même le téléchargement payant lorsque le service est localisé sur le territoire français.
A l’inverse, le téléchargement payant est rentable lorsque le service est localisé à l’étranger, en raison du différentiel de TVA. De nombreuses plateformes (75% selon l’étude), notamment américaines comme i-tunes, opèrent en effet depuis des pays où le taux de TVA est plus favorable qu’en France (environ 6% contre 19,6%).
Des “frictions” sur le partage de valeur
Ces chiffres font également apparaître des disparités importantes selon les types de services.
Ainsi, la part du chiffre d’affaires reversée à l’industrie musicale (producteurs, éditeurs et distributeurs) est de 58,8% pour les sites de streaming audio gratuits, mais grimpe à 84% pour le streaming en abonnement payant.
Dans ce contexte, “les points de friction sur le partage de la valeur entre les acteurs de la musique en ligne sont encore nombreux”, soulignent les auteurs.
Ceux-ci estiment cependant envisageable “un retournement du marché (de la musique enregistrée) dans un avenir proche”, après dix années de baisse.
Ainsi, le marché de détail de la musique enregistrée devrait s’établir à 867 millions d’euros en 2012, contre 868 millions d’euros en 2010.
Dans le détail, les auteurs envisagent pour 2011/2011 une baisse du marché physique “limitée à 14%”, une progression “plus lente” du téléchargement payant “autour de 35%” et une très forte hausse du marché des abonnements payants qui devrait passer de 20 millions d’euros en 2010 à 79 millions d’euros en 2011/2012.
Ils prévoient aussi une “progression significative” des recettes tirées des offres gratuites de streaming audio et vidéo, portée à la fois par la croissance du marché de la publicité, le dynamisme des offres de formats publicitaires et l’arrivée de nouveaux entrants et de leurs régies publicitaires.
Dans l’hypothèse où le marché numérique atteindrait une part de 50% avec une taille du marché globale proche de celui d’aujourd’hui, les producteurs, éditeurs et distributeurs de musique retrouveraient un niveau de rentabilité proche de la situation observée avant l’arrivée du numérique, soit 10% en moyenne, jugent-ils.
Mais “la visibilité de ce marché reste médiocre et l’introduction de nouvelles technologies et des usages associés rend possible de nouvelle ruptures”, avertissent les auteurs.