édit Suisse à Genève (Photo : Fabrice Coffrini) |
[24/01/2012 13:56:04] BERNE (AFP) La Suisse devrait encore davantage surveiller ses deux grandes banques, UBS et Credit Suisse, qui sont déjà bien encadrées depuis septembre 2011, estime l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans une étude publiée mardi.
En septembre dernier, le législateur suisse a pris une série de mesures devant entrer en vigueur en 2012, afin d’empêcher que l’éventuelle faillite de ces grandes banques n’ait de lourdes conséquences pour le pays.
Parmi ces mesures, la Suisse leur impose un ratio de fonds propres “durs” (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux prêts accordés) de 19%, au lieu de 8% actuellement ainsi qu’un ratio de levier financier de 5%. Ce dernier représente le rapport entre les fonds propres de la banque et l’ensemble de ses actifs.
Si l’OCDE reconnaît qu’il y a eu des progrès “substantiels” au niveau législatif pour limiter les risques liés au secteur financier, l’organisation appelle à des règles encore plus strictes.
“Il faudrait appliquer un ratio de levier plus strict, supérieur au taux prévu d’environ 5%”, plaide notamment l’OCDE. Il faut aussi “que les exigences de fonds propres proposées pour les deux grandes banques soient pleinement respectées”.
Le secteur bancaire suisse est dominé par deux géants, Credit Suisse et UBS, qui ont enregistré de fortes pertes, après la crise financière de 2008.
La banque UBS a même été sauvée in extremis de la faillite, grâce à une intervention exceptionnelle de l’Etat suisse.
Bien que les banques suisses soient peu exposées au problème de la dette dans la zone euro, la “Suisse pourrait être touchée par les turbulences financières internationales, à travers son secteur bancaire”, a déclaré le Secrétaire-général de l’OCDE Angel Gurria, lors d’une conférence de presse à Berne pour présenter ce rapport.
De son côté, le ministre suisse de l’économie, Johann Schneider-Ammann a déclaré lors de cette même conférence de presse que la nouvelle législation bancaire était un “compromis acceptable” par les parlementaires, et que la calendrier de la réforme avait été fixé.
“L’important est que nous soyons arrivés à une décision raisonnable, nous devons la mettre en oeuvre, et ce sera fait au plus tard en 2019”, a-t-il ajouté.
“D’ici là, c’est dans l’intérêt des deux grandes banques concernées de faire en sorte qu’elles assurent leur stabilité, si c’est fait plus tôt et de façon plus ambitieuse”, personne ne viendra le leur reprocher, a ajouté le ministre suisse.
Dans son analyse de la situation économique de la Suisse, publiée dans le même rapport, l’OCDE relève que “la Suisse s’est sortie relativement tôt d’une récession qui a été moins profonde que dans la zone euro”.
“Les indicateurs augurent une période de stagnation économique sur le court-terme, en particulier dans le domaine manufacturier”, compte tenu du ralentissement de l’activité observé chez les grands partenaires de la Suisse, comme l’Allemagne, et aussi de la hausse du franc suisse.
Pour 2012, l’OCDE s’attend à une croissance “affaiblie” en Suisse, et à un “redémarrage du chômage”.
Le gouvernement suisse prévoit de son côté une croissance faible, voire négative pour le début de 2012, avant de s’établir autour de 0,5% pour l’ensemble de l’année, à comparer avec 0,8% en 2011.
“La stabilité économique de la Suisse s’est fait remarquer, dans un contexte d’instabilité économique et financière dans le reste du monde”, a encore ajouté M. Gurria, qui explique la rapide sortie de crise du pays par ses règles budgétaires strictes et son marché du travail.
La Suisse, où le taux de chômage des jeunes n’a été que de 2,5% l’an dernier, est une “exception” par rapport aux autres pays de l’OCDE, où ce chiffre est proche de 20%, voire de 30% et 40% dans certains cas, a indiqué M. Gurria.