A Marseille, Sarkozy cultive sa différence numérique avec Hollande

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à Marseille, le 24 janvier 2011 (Photo : Guillaume Horcajuelo)

[24/01/2012 15:18:04] MARSEILLE (AFP) Nicolas Sarkozy a profité mardi de ses voeux au monde culturel pour se poser en défenseur des créateurs face à son futur rival dans la course à l’Elysée François Hollande, qu’il a accusé de capituler face aux pirates en prônant la suppression de “sa” loi Hadopi.

A moins de 90 jours du premier tour de la présidentielle, toutes les occasions sont bonnes pour porter le fer contre ses rivaux, même sans être officiellement candidat. Toujours donné largement perdant dans les sondages, le chef de l’Etat ne l’a donc pas manquée en étrillant le favori socialiste sur le front de l’internet.

Devant plusieurs centaines de personnalités réunies sur le chantier du futur Musée des civilisations Europe Méditerranée de Marseille, Nicolas Sarkozy a défendu l’un des textes emblématiques de son mandat, la loi Hadopi, qui réprime depuis 2010 de façon graduelle le téléchargement illégal entre particuliers (peer-to-peer) sur la “toile”.

D’abord sur le principe. “Il s’agit en réalité de provoquer une prise de conscience dans le grand public et de stimuler l’offre légale”, a plaidé le chef de l’Etat. Ensuite pour son efficacité. “Un cycle vertueux s’est enclenché”, a-t-il assuré, “le piratage peer-to-peer a diminué en France beaucoup plus fortement que dans tous les pays comparables”.

Au passage, Nicolas Sarkozy a rejeté la “licence globale”, une rémunération forfaitaire soutenue pendant la primaire socialiste par la patronne du PS Martine Aubry, qu’il a résumé par une formule à l’emporte-pièces. “On prend tout au créateur, on lui rend un peu. On le vole d’abord, on l’achète ensuite”.

Mais, comme il fallait s’y attendre, le chef de l’Etat a réservé l’essentiel de ses coups à François Hollande. La question d’Hadopi est sensible au PS, qui a fâché, par son refus de la voter, certains artistes d’ordinaire acquis à la gauche. Dimanche encore au Bourget, le candidat du PS a promis de remplacer Hadopi par un autre dispositif qui reste à définir.

“Je suis proprement sidéré d’entendre certains dire que la loi Hadopi doit être abrogée”, a lancé mardi Nicolas Sarkozy sans citer son rival, “mais rassurez-vous: on l’abroge d’abord et après, bien après, on verra, on prendra le temps de dégager une solution consensuelle. Bref, on nous demande de pratiquer un désarmement unilatéral à l’égard du piratage”.

Et sur sa lancée, il a dénoncé les motivations politiques de M. Hollande, accusé de ne pas vouloir “faire de la peine aux jeunes” et d’indécision, une critique récurrente de la droite. “Pour dire non, il faut un minimum de courage”, a insisté Nicolas Sarkozy, “l’absence de courage, c’est vous les créateurs qui allez la payer”.

Non content du dispositif actuel, le chef de l’Etat a confirmé sa volonté d’étendre les pouvoirs d’Hadopi pour lutter contre les sites de téléchargement direct, ou “streaming”, qui permettent de récupérer un film, une musique ou un jeu sur un serveur le plus souvent situé à l’étranger.

“Il faut aller plus loin”, a-t-il jugé, “la coopération entre Etats est nécessaire car ce qui est en cause c’est la lutte contre les sites de +streaming+ installés dans des paradis numériques”.

Nicolas Sarkozy en a profité pour saluer la décision de la justice fédérale américaine de fermer la plate-forme de partage de fichiers Megaupload.com, qu’il a accusée d’être l’étendard d’une “économie mafieuse”.

L’occasion, même s’il s’est refusé à tout “bilan”, de se réjouir que la France ait “montré l’exemple” et d’une dernière pique à François Hollande: “quand on a des convictions”, a-t-il dit, “on doit les défendre”.