Hamadi Jebali semblait dans le désarroi le plus total lors de son intervention, lundi 23 janvier 2012 à l’Assemblée Constituante. Il est revenu en détails sur la détérioration de la situation et de l’effondrement économique qui menace la Tunisie. Il a mentionné le tourisme et une saison qu’il dit menacée. Mais non M. Jebali, dites qu’elle est déjà compromise!
Dénonçant de “graves dérapages sécuritaires” qui sapent l’économie du pays, le chef du gouvernement s’est dit déterminé à “faire appliquer la loi, que ce soit dans les universités, les entreprises, les lieux publics ou sur les routes”. Pour mettre fin à “la situation très difficile” à cause “des dérapages très graves” en citant les “coupures de routes et les fermetures d’entreprises qui ont coûté 2,5 milliards de dinars au pays en 2011”.
Sans revenir en détails à la situation actuelle et pour ne parler que du tourisme, nous sommes en droit de se demander qui viendrait en Tunisie à l’heure où l’on parle de salafisme, d’agressions et d’autant de sit-in,…
Depuis des semaines, tous les médias du monde reprennent en boucle les incidents de La Manouba et les vociférations d’une bande de fous devant l’aéroport criant mort aux Juifs. A l’anniversaire du 14 janvier, aucun représentant européen n’était présent. Un signe que ne décoderait probablement pas le touriste lambda mais qui est révélateur. L’Europe, qui est notre premier partenaire économique et le premier marché de notre tourisme
Ceux qui ne suivaient pas de près l’actualité tunisienne ont dû certainement se rattraper depuis lundi 23 janvier avec la violence faite au journaliste Zied Krichene et à l’universitaire Hamadi Rdissi. Le procès Nessma a fait la Une des journaux télévisés et de nombreuses organisations des Droits de l’Homme observent la Tunisie, scrutant ses moindres pas, se voulant solidaire d’elle certes, mais il y a des limites. Et ces limites, c’est au gouvernement de les dessiner.
Au vu de la situation, il est inutile de se contenter de condamner des actes isolés. Il faut de l’action efficace et rapide. Il faut arrêter l’hémorragie. Ces incidents répétés isolés ou orchestrés isolent le pays. Ils font peur et fuir. Pouvait-on espérer plus si l’on voulait dissuader les touristes de venir en Tunisie? Certainement pas.
Alors, soyons réalistes. Au lieu de parler d’un tourisme qui risque vraiment de ne pas repartir, traitons le problème de cet obscurantisme dans lequel on veut envelopper la Tunisie ouverte et tolérante à sa source. Les images de ce qui se passe dans notre pays choquent une majorité des Tunisiens. Alors que dire des étrangers et des tours opérateurs qui sont déjà en train de planifier les vacances de Pâques et de l’été!