Le Samedi 21 janvier, l’Association tunisienne de la finance islamique (créée en février 2011) a organisé une conférence internationale sur le leasing islamique «al Ijara», au cours de laquelle on a remarqué un important effort d’organisation, avec la distribution de documents visant à faire connaître l’Association, un programme bien détaillé sur lequel porte la conférence et un fascicule introduisant la notion d’Ijara et facilitant ainsi sa compréhension.
Ainsi, le produit “Ijara“ est défini comme étant un contrat à titre locatif accompagné d’une promesse de vente mis à la disposition d’un client.
Intitulée «Ijara: Concepts et applications», la conférence s’est penchée sur plusieurs centres d’intérêts, à savoir la définition de l’Ijara et son importance dans les transactions financières islamiques (objets de la première session), ainsi que l’éthique et la déontologie dans les transactions islamiques et le rôle joué par le leasing islamique dans le développement (objet de la deuxième session).
Le directeur général de la société CHOURA au Koweït, le cheikh Abdul Sattar Ali Khattane, a ouvert la première session en introduisant la notion de leasing islamique. Tout en énumérant les types d’Ijara, l’intervenant a expliqué la légitimité que ce produit tire de la chariaa ainsi que les conditions de validité de ce contrat.
Le secrétaire général du Conseil des banques et des établissements financiers islamiques, Docteur Ezzedine Khouja, a tenu à mettre en relief, lors de son intervention, l’importance de l’Ijara dans les transactions financières islamiques tout en insistant sur les différences pratiques entre les établissements de leasing classique et ceux utilisant l’Ijara. La nécessité de corriger et améliorer la relation entre l’établissement loueur et le client s’avère être primordiale, selon lui, dans la mesure où cette relation suscite des interrogations quant à la marge bénéficiaire réalisée par les établissements loueurs ainsi qu’aux pénalités infligées au client sous forme d’intérêts.
Pour les sceptiques quant au rôle de l’éthique dans la finance islamique, le président de l’organisme des fatwas et des affaires religieuses au Koweït, le docteur Khaled Madhkour, a insisté sur l’importance d’organiser une conférence sur l’éthique et la déontologie dans les transactions islamiques. Selon lui, on ne peut parler de finance islamique que si l’éthique est appliquée, car «toute absence d’éthique entraîne impérativement une totale abolition des fondements même des transactions financières».
L’économiste et directeur du département de l’économie islamique à l’Université du Koweït, Mohamed Amine Kattan, a dénombré les avantages de l’Ijara aussi bien sur le plan économique que social. Selon ses termes, l’Ijara «est un moyen simple et sûr de financement et facile à appliquer». Il a ajouté que ce service «permet aux gouvernements de financer des projets de développement dans plusieurs domaines comme la santé, l’éducation ou le transport».
Tous ces arguments ont été transposés sur un cas pratique, celui de la société tuniso-saoudienne de leasing, Best Lease. Dans le cadre d’un élargissement des champs de son activité, la société a préconisé une augmentation de son capital ainsi qu’une ouverture de nouvelles agences d’ici 2013.
Par ailleurs, tous les intervenants ont insisté sur la nécessité d’instaurer plus de lois permettant de renforcer la pratique de la finance islamique en Tunisie. Ils ont aussi appelé le gouvernement à la mise en œuvre d’une législation permettant d’intégrer l’utilisation des sukuk afin de booster les investissements étrangers en portefeuille-titres.