Pour aider au lancement d’un tourisme axé sur les richesses archéologiques de ce gouvernorat du centre, en l’occurrence Kasserine, l’ambassade du Royaume-Uni à Tunis a organisé un atelier auquel elle a convié une entreprise britannique –Metaphor- spécialisée notamment dans la conception, la réalisation et l’animation de musées.
L’Union européenne, collectivement, et certains de ses membres, individuellement, manifestent depuis peu leur intention d’aider la Tunisie à régler ses problèmes de déséquilibre économique entre les gouvernorats côtiers et les régions de l’intérieur.
Le Royaume-Uni figure parmi ces pays et a choisi d’apporter son secours à Kasserine en l’aidant à lancer une activité de tourisme culturel basée sur les richesses archéologiques locales pour créer les emplois dont ce gouvernorat a un cruel besoin.
Sur proposition de son service commercial, l’ambassade britannique a organisé, lundi 16 janvier 2012, un atelier en vue de tester la pertinence et la faisabilité de cette idée. Y ont pris part des experts tunisiens et britanniques –ces derniers représentant la société Metaphor- et des représentants des principaux organismes régionaux et nationaux concernés par ce dossier.
Le test s’est avéré concluant puisque le projet a été jugé porteur et Kasserine, le gouvernorat le plus apte à l’héberger. C’est l’avis notamment de Ezzeddine Bach Chaouch, ancien ministre de la Culture –dans le gouvernement Béji Caïd Essebsi. Cet éminent expert international en patrimoine et archéologie estime que Kasserine est la région la plus apte à recevoir un projet touristique valorisant le patrimoine archéologique pour deux raisons au moins.
D’abord, ce patrimoine est dans ce gouvernorat «en meilleur état qu’ailleurs du fait de l’habitat dispersé», observe l’ancien ministre. Certes, «on a perdu quelques sites de céramique pour cause de vol, mais cela s’est arrêté dans les années 70», explique l’expert.
Ensuite, Kasserine regorge de «tout ce qu’une personne veut connaître des vestiges de l’archéologie romaine et byzantine. 50% du patrimoine de la Tunisie se trouve là-bas», complète Ezzeddine Bach Chaouch. Qui est convaincu que ce potentiel «peut donner quelque chose de remarquable dans le cadre de la coopération tuniso-britannique». D’autant qu’outre les «grands centres, Kasserine a d’autres sites riches en temples, forums, capitoles, etc.». Stephen Greenberg, patron de Metaphor, qui a visité la région, y a trouvé un «potentiel touristique énorme».
Tahar Ayachi en convient lui aussi. «Il y a un potentiel considérable qu’on n’arrive pas à traduire en richesse». Mais le journaliste spécialiste du tourisme et du patrimoine estime qu’on ne s’est «jamais posé la question: pour qui développer cela?». Et y répond: «Le touriste, je n’y crois pas beaucoup. Aujourd’hui, il n’y a rien pour l’attirer et le retenir. Par contre, on peut attirer le Tunisien et le résident étranger en Tunisie», affirme-t-il.
Mais le manque de structures d’accueil «handicape l’intégration dans les circuits touristiques», regrette Mourad Abdellaoui, commissaire régional au tourisme. D’où la faiblesse du flux de visiteurs et de touristes en direction de Kasserine, comme l’a constaté Louise Burrett, n°2 de l’ambassade britannique. La situation pourrait changer à l’avenir avec les trois hôtels en cours de construction et qui vont doubler –en 2012- la capacité d’accueil de la région à 600 lits. D’où l’intérêt que porte à ce projet United Gulf Financial Services North Africa (groupe KAMCO).