“Quel est l’investisseur qui acceptera de mettre son argent dans un pays où la fumée s’élève de toute part? Nous avons déjà du mal à garder les investisseurs sur place. Ceci étant, heureusement qu’il existe de la bonne volonté de la part de promoteurs tunisiens et étrangers qui croient encore en notre pays et veulent y mettre leur argent”.
Contradictoire, comme déclaration? Nous devrions peut-être nous y habituer aujourd’hui. Tout comme nous devrions nous soumettre à une nouvelle logique créatrice, celle des lignes rouges concernant toute création artistique ou culturelle.
Pour Monsieur Dilou, porte-parole du gouvernement qui s’est exprimé mercredi 25 janvier lors d’une conférence de presse organisée au Premier ministère, le sacré ne doit pas être touché “comme dans tous les pays du monde”.
Qui définit les lignes rouges? La loi et la société, nous répond Samir Dilou. De quelle société parle-t-on? Celle manipulée par des salafistes ou des islamistes, comme ce fut le cas lors de la diffusion du film Persepolis ou celle éclairée comme nous l’avons toujours connue? Il va falloir nettoyer au Karcher l’histoire, la littérature, la philosophie, et l’art islamique qui a pu rayonner sur le monde pour sa capacité d’ouverture et surtout celle de remettre tout en question y compris le sacré. Al Ghazali n-a-t-il pas dit “Al chakkou tarikon il alyakin” (le doute est le chemin vers la certitude).
Sur un tout autre plan, le ministre porte-parole du gouvernement a déclaré qu’il n’y a aucune interférence entre les interventions gouvernementales et celles émanant des membres du parti Ennahdha. “Si les membres d’Ennahdha parlent au nom du gouvernement, nous aimerions le savoir, sinon, s’ils s’expriment sur des thèmes socio-économiques, c’est dans l’ordre des choses comme le font les autres partis”.
A une interrogation concernant la rumeur selon laquelle le parti Ennahdha préparerait 2.000 cadres pour les injecter dans les administrations publiques et 5.000 au ministère de l’Intérieur, M. Dilou a répondu qu’il faudrait peut-être poser la question au parti lui-même. “Le gouvernement n’étant pas au courant”.