Jan Fischer, vice-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), a annoncé que la Banque ouvrira un bureau à Tunis dès le mois de février prochain. L’équipe des représentants s’étoffera au fur et à mesure de la montée en charge. Cela prendra trois à quatre mois tout au plus.
Rappelons que cette institution a été promue au cours des années 90’. Elle a été dirigée à sa création par Jacques Attali, candidat poulain de François Mitterrand, à l’effet d’aider les pays d’Europe de l’Est pour les accompagner dans leur transition politique et économique après la chute du communisme. Elle bénéficie, par conséquent, d’une importante expertise dédiée qui sera d’un grand apport pour la Tunisie post-révolution, elle-même à la recherche d’un nouveau modèle économique.
Une enveloppe globale de financement
Jan Fisher l’a annoncé hier mercredi 25 janvier 2012: la Tunisie est membre de la BERD. C’est le deuxième pays de la région à rejoindre cette institution. C’est une adhésion pleine de promesses. Il l’a dit expressément: «Je ne suis pas là pour palabrer mais bien pour réaliser et faire avancer les choses». Il faut dire que pour une institution de la taille de la BERD, les temps de réponse sont assez rapides. La Tunisie avait postulé à l’adhésion au mois de septembre dernier, et la réponse est intervenue trois mois plus tard.
Quatre pays de la région sont dans le champ d’intérêt de la Banque, outre la Tunisie, il y a l’Egypte, la Jordanie et le Maroc. Une enveloppe globale de plus de 2,5 milliards d’euros, pour la période 2012-2015. Les déblocages se feront en fonction du «Fund rising», c’est-à-dire la capacité d’absorption de chaque pays. Il n’y a donc pas de répartition initiale qui soit décidée pour l’allocation des fonds. C’est au plus dynamique de se servir.
Pas de conditionnalité
La BERD n’exige aucune conditionnalité de réformes. Ses méthodes diffèrent des autres institutions internationales. Toutefois, elle a l’œil au respect des conditions de gouvernance. Et elle est attentive aux conditions de transparence pour parer à toute éventualité d’opacité. La présence physique de la BERD lui permet de suivre de plus près le déroulement des opérations. Elle agit en synergie, et totale confiance, avec les autorités nationales et ne bouscule pas l’ordre des réformes.
La priorité au secteur privé
La BERD cherche d’abord et avant tout à procurer un «environnement d’affaires propices à faire performer le secteur privé. Et même si Jan Fischer, au cours de sa dernière visite, n’a pas eu beaucoup de contacts avec les représentants du secteur privé, ses équipes ont eu des échanges intenses lors de leur visite au mois de septembre 2011.
Les premières interventions de la Banque iront d’abord soutenir les premières actions qui s’inscrivent dans le cadre du développement régional. Il s’agit d’assurer les conditions de rattrapage pour les régions afin de booster l’investissement à l’intérieur du pays. La décentralisation sera le troisième poumon pour l’économie tunisienne, et la BERD, de sa longue expérience, soutient cette orientation. Elle sait procurer les conditions de viabilité au dynamisme des régions.
Nous y reviendrons.