Banques et PME au coeur des priorités économiques du candidat Hollande

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à Paris. (Photo : Patrick Kovarik)

[26/01/2012 14:20:58] PARIS (AFP) François Hollande a fixé jeudi le cap de son programme économique, avec un “pacte productif” en faveur des PME qui marque un tournant dans les projets socialistes, et la priorité donnée au financement de l’économie par une pression accrue sur les banques.

Soucieux d’asseoir sa crédibilité économique, le candidat socialiste, qui présentait son programme chiffré et détaillé à la Maison des Métallos à Paris, a assuré sur tous les tons que ses “60 engagements pour la France” seraient “entièrement financés”.

François Hollande a appelé à “la justice pour les Français” mais aussi et de façon plus inhabituelle à la justice pour “le monde économique et notamment pour les PME”.

L’attention réservée à ces entreprises, “c’est nouveau et c’est massif”, a déclaré à l’AFP l’ancien ministre de l’Economie Michel Sapin, chargé du “projet”, tandis que Pierre Moscovici, directeur de campagne, chantait les louanges du “Mittelstand”, les PME allemandes.

Le candidat du PS a rappelé ses propositions: une nouvelle banque publique d’investissement, la refonte de l’impôt sur les sociétés au profit des PME et très petites entreprises (TPE), la création d’un “livret d’épargne industrie” conjuguée avec le doublement du plafond du livret développement durable, qui atteindra 12.000 euros…

Sa seconde priorité sera le financement de l’économie, autrement dit “l’accès au crédit pour les entreprises et les particuliers”. François Hollande avait fait dimanche au Bourget du “monde de la finance” son “adversaire”. Il a confirmé jeudi la séparation des activités d’investissement et spéculatives des banques et annoncé une surtaxe de 15% sur leurs bénéfices.

Le candidat du PS a aussi réaffirmé “l’interdiction des produits financiers toxiques, sans lien avec l’économie réelle”, tout comme la cessation de “toute opération (des banques françaises) avec les paradis fiscaux”.

Pour financer son projet et redresser les comptes publics, il table sur une enveloppe de 29 milliards d’euros par an, dont 11,8 milliards reposant sur la contribution des ménages “les plus aisés” et sur la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires (sauf pour les TPE).

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ès la présentation de son programme le 26 janvier 2012 (Photo : Fred Dufour)

Les 17,3 milliards restants seraient “recherchés du côté des entreprises, en supprimant les niches fiscales, sociales, et en faisant en sorte de faire contribuer la finance”, a-t-il complété.

Le financement du programme exigerait 20 milliards d’euros par an en 2017, dernière année du quinquennat.

Mais ce financement est-il équilibré ? Oui, répond sans détour Jean-Marc Daniel, économiste à l’Institut de l’entreprise, un “think tank” proche du patronat. Selon lui, “ça colle et pour deux raisons: des hypothèses de croissance crédibles et une hausse des prélèvements obligatoires significative puisqu’elle représenterait 1,5% de PIB”.

Jean-Marc Daniel formule cependant “deux bémols”. Le discours sur la finance de François Hollande est “convenu” et la charge que ferait peser son programme sur les entreprises en général “énorme”. Elle atteindrait selon lui “10% de l’investissement productif” en France.

Selon lui, le candidat socialiste “aurait pu opter pour une politique à la Mario Monti (chef du gouvernement italien, NDLR) de libération de l’économie, au lieu de ça, c’est une politique d’intervention de l’Etat” qu’il a choisie.

Quant à Pierre Moscovici, il a salué une autre innovation de ce programme, qui “commence par le redressement” des finances publiques alors que, de son propre aveu, les programmes du PS étaient marqués jusqu’ici “par des réformes ambitieuses, suivies d’une pause et d’une déception”.