La réforme fiscale de Hollande : les plus aisés paieront plus d’impôts

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çois Hollande le 26 janvier 2012 à Paris (Photo : Fred Dufour)

[26/01/2012 16:56:01] PARIS (AFP) François Hollande a promis jeudi une réforme fiscale encore vague, incluant des hausses d’impôts concentrées sur les hauts revenus, qui permettent, selon des experts, de remettre un peu de justice dans le système, au risque, d’après d’autres, de faire fuir les plus aisés.

“Il y aura une augmentation des prélèvements obligatoires”, a clairement annoncé le candidat socialiste à la présidentielle en présentant ses “60 engagements”.

En tout, son projet prévoit 44 milliards d’euros d’impôts en plus à l’horizon 2017, qu’il s’agisse de suppression de niches fiscales, de recettes nouvelles ou d’annulation de mesures de la majorité actuelle.

Cela se répartit entre 29 milliards (11,8 chez les ménages et 17,3 pour les entreprises) consacrés au désendettement de la France, et 15 milliards affectés au financement des nouvelles “priorités”.

Dans le détail, le candidat veut créer une tranche supérieure de l’impôt sur le revenu à 45% au-delà de 150.000 euros annuels par personne, tandis que les niches fiscales ne permettront plus qu’une réduction d’impôt “maximale” de 10.000 euros.

Le quotient familial, qui allége la facture des familles avec enfants, sera un peu revu à la baisse pour les couples gagnant plus de 6.600 euros par mois.

Côté patrimoine et épargne, François Hollande veut annuler la réduction de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) décidée en 2011 et soumettre les revenus du capital au même barème progressif que ceux du travail.

Selon lui, tout cela fera grimper la pression fiscale, mais au même rythme que prévu par l’actuel gouvernement.

“Les impôts français, déjà élevés, seraient parmi les plus élevés en Europe”, constate Tomasz Michalski, professeur d’économie à HEC. “Ce n’est pas très compétitif, mais la situation des finances publiques ne permet pas d’autre solution pour l’instant.”

François Hollande ne dit pas autre chose: “Nous n’avons pas d’autre choix que de demander un effort, mais moi je le demande aux plus favorisés, pas à l’ensemble des Français”, a-t-il lancé jeudi.

Les experts interrogés par l’AFP en conviennent: cet effort serait concentré sur les contribuables les plus fortunés.

“Le système fiscal actuel est injuste, le premier objectif doit bien être de rétablir de l’équilibre en demandant plus aux plus riches”, se félicite Thomas Piketty, spécialiste des hauts revenus, proche du PS.

Le président du Cercle des fiscalistes, Philippe Bruneau, déplore au contraire que le socialiste “tape à bras raccourcis sur les ménages les plus aisés”.

“Attention, on est dans une société nomade, en matraquant les hauts revenus on élargit les risques de délocalisation aux cerveaux, qui risquent de quitter la France”, met-il en garde. Un risque relativisé par Tomasz Michalski et Thomas Piketty. “Les patrimoines français ne se sont jamais aussi bien portés, ces mesures ne les feront pas fuir”, assure ce dernier.

Quant aux classes moyennes, enjeu de cette présidentielle, elles souffriront à la marge de l’encadrement des niches fiscales et du quotient familial, relève Henri Sterdyniak, chef de file des “économistes atterrés”. La fin de la défiscalisation des heures supplémentaires touchera une grande partie des salariés, même si cette mesure est “indispensable pour l’emploi” aux yeux de cet économiste de gauche.

Reste la fusion, à terme, de l’impôt sur le revenu (IR) avec la contribution sociale généralisée (CSG), pour créer un “prélèvement simplifié sur le revenu” à rendement constant. Là-dessus, François Hollande n’a pas dissipé le brouillard sur les modalités et le calendrier.

“Cela reste encore flou, il y a des milliers de façons de fusionner ces impôts, avec un barème plus ou moins progressif”, note Henri Sterdyniak.

Inspirateur d’une telle “révolution fiscale”, Thomas Piketty ronge son frein et appelle le candidat à “accélérer” en fusionnant l’IR et la CSG “en une seule fois dès le 1er janvier 2013”.