Le bras de fer sur la dette de la Grèce reprend, la BCE sous pression

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ésentant des banques et créanciers privés de la Grèce, Charles Dallara, le 20 janvier 2012 à Athènes (Photo : LOUISA GOULIAMAKI)

[26/01/2012 18:27:49] ATHENES (AFP) Le bras de fer entre la Grèce et ses créanciers privés devait reprendre jeudi soir, alors que montait la pression pour que la Banque centrale européenne soit traitée comme les autres prêteurs du pays, avec d’importantes pertes à la clef sur son portefeuille de titres grecs.

Le retour à Athènes de Charles Dallara, le patron de l’Institut de la finance internationale (IIF), va permettre de relancer des négociations qui s’éternisent et dont le blocage pourrait menacer la trêve sur les marchés.

“Il y a une pression très forte de tous les Etats membres sur la Grèce et sur les banques pour qu’on arrive à un accord”, a relevé une source européenne.

M. Dallara, dont l’organisation représente les intérêts des grandes banques internationales, a déjà déclaré à plusieurs reprises que ses mandants n’iraient pas de manière volontaire au-delà d’une décote de 50% de leurs titres grecs, permettant d’effacer environ 100 milliards d’euros de dette.

Mais le Fonds monétaire international, qui a le pouvoir de débloquer des fonds vitaux pour le pays, s’est rappelé au bon souvenir des négociateurs, et du reste des pouvoirs publics de la zone euro, en laissant entendre que la seule participation des banques ne serait pas suffisante.

Pour le FMI, l’objectif intangible est de ramener le taux de la dette publique grecque à 120% du Produit intérieur brut d’ici à 2020. C’est la condition sine qua non pour qu’il débloque une nouvelle série de prêts d’urgence vitaux pour Athènes.

Or, selon des sources proches du dossier, la proposition des créanciers privés ne permettrait d’atteindre qu’un endettement d’environ 130%.

“Afin d’assurer la viabilité de la dette de la Grèce, il est essentiel qu’un nouveau programme soit soutenu par une combinaison de participation du secteur privé et un soutien du secteur public qui abaissera la dette à 120% du PIB d’ici à 2020”, a indiqué mercredi soir le Fonds.

Mais pour l’instant, le secteur public, notamment la Banque centrale européenne (BCE), qui détient environ 45 milliards d’euros de dette grecque, fait la sourde oreille.

La question d’une contribution de la BCE aux efforts de restructuration de la dette grecque “se pose” pourtant, a déclaré le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker dans un entretien jeudi au Figaro.

“Trouvez-nous une bonne solution et mettez-la en oeuvre rapidement”, a lancé au quotidien britannique Financial Times Brian Moynihan, patron de Bank of America depuis Davos où le gratin économique mondial planche sur les maux du monde dans le cadre du Forum économique mondial (WEF).

Dans le même cadre, le président mexicain Felipe Calderon a demandé l’Europe de ne plus mégoter et de “sortir le bazooka immédiatement” pour éviter la contagion des maux de la région à l’ensemble de la planète.

Malgré l’urgence du dossier grec, les marchés financiers, baromètres de la crise, ne ne sont pas affolés, loin de là.

Pour la première fois depuis décembre, le taux des obligations à dix ans de l’Italie est passé brièvement dans la journée sur la barre des 6%, signe d’un apaisement des tensions qui menaçaient la troisième économie de la zone euro.

Pour l’heure, les investisseurs font une différence entre l’Espagne et l’Italie d’un coté et l’Irlande et le Portugal d’un autre, qui sont “de plus en plus associés à la Grèce”, a expliqué Cyril Regnat, stratégiste chez Natixis.

En fin de journée, le taux à 10 ans du Portugal bondissait et naviguait à un plus haut historique à 14,311%, comparable à celui de la Grèce l’été dernier, alors que les taux des principaux pays de la zone se détendaient.

Les bourses européennes, ragaillardies par la décision de la banque centrale américaine de prolonger pendant trois ans sa politique de taux très bas, ont toutes progressé: Paris a gagné 1,53%, Francfort 1,84% et Londres 1,26%.

En recevant son homologue espagnol Mariano Rajoy à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a salué la détermination des autorités de Madrid à mettre en oeuvre leurs réformes et leur a exprimé son “extraordinaire respect”.

Les dirigeants des pays de la zone euro pourraient se réunir lundi pour parler de la situation en Grèce, juste après un sommet de l’Union européenne dans son ensemble, ont indiqué à l’AFP des sources diplomatiques européennes.