Davos : l’Europe veut convaincre que sa stratégie de sortie de crise est la bonne

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Le logo du Forum de Davos, le 26 janvier 2012, dans la station de ski suisse de Davos (Photo : Fabrice Coffrini)

[27/01/2012 10:02:17] DAVOS (Suisse) (AFP) Les responsables européens, dont les ministres des Finances français et allemand, vont s’efforcer vendredi à Davos de convaincre le reste du monde, dont les Etats-Unis représentés par leur secrétaire au Trésor Timothy Geithner, que leur stratégie dans la crise de la zone euro est la bonne.

Ils seront encouragés par l’accalmie qui prédomine sur les marchés depuis le début de l’année. Les Bourses européennes ont certes ouvert vendredi en léger repli, mais ont terminé jeudi en nette hausse, après plusieurs séances dans le vert.

La situation en Europe est “un petit peu meilleure que l’année dernière, mais les choses ne sont pas réglées”, a reconnu jeudi à Davos le Premier ministre britannique David Cameron, qui s’est ensuite montré très critique sur la stratégie suivie jusqu’à présent par ses partenaires en Europe, à commencer par le couple franco-allemand.

Le ministre français François Baroin, son homologue allemand Wolfgang Schäuble et le commissaire européen aux Affaires économique Olli Rehn auront l’occasion de répondre vendredi lors d’un débat sur “l’avenir de la zone euro” dans le cadre du 42ème Forum de Davos, qui rassemble chaque année l’élite financière et économique mondiale.

Immédiatement après, Timothy Geithner prendra la parole alors que les Etats-Unis s’impatientent et redoutent les effets de la crise en Europe sur leur propre économie.

Ces responsables européens devront faire preuve de conviction, tant la méfiance perdure à l’égard du pilotage franco-allemand de la crise, y compris en dehors de la zone euro.

Le président mexicain Felipe Calderon, dont le pays préside le G20, a pressé jeudi à Davos l’Europe de sortir son “bazooka” pour en finir avec la crise de la dette et éviter qu’elle ne s’étende à l’Italie et l’Espagne, voire au reste de la planète.

“Il est nécessaire de sortir le bazooka immédiatement, avant que la poudre ne soit humide”, a déclaré M. Calderon, qui présidera le prochain sommet du groupe des 20 économies les plus puissantes de la planète en juin au Mexique. Il a aussi invité l’Europe à “créer un pare-feu pour éviter la chute de la 3ème et de la 4ème économie européenne” et stopper la contagion au monde.

“N’oubliez pas que nous sommes dans le même bateau. Il n’est pas question de la seule implosion possible de l’euro, mais de la crise dans le monde entier”, a-t-il averti.

“Le coeur du problème n’est pas l’Europe, c’est le manque de discipline des Etats membres européens”, a affirmé de son côté le Premier ministre danois, Helle Thorning-Schmidt.

La confiance des marchés, des décideurs politiques et des citoyens est en train de revenir, a assuré pour sa part le Premier ministre irlandais Enda Kenny, dont le pays membre de la zone euro a bénéficié en 2011 du soutien de ses partenaires.

Cette confiance peut néanmoins s’évaporer très vite si la Grèce, épicentre de la crise qui mine la zone euro depuis décembre 2009, ne parvient pas à convaincre ses créanciers de ne pas l’abandonner.

Les négociateurs représentant les créanciers privés de la Grèce ont fait état jeudi soir de “progrès” dans les discussions avec le gouvernement grec sur l’effacement de 100 milliards de dettes de la Grèce, le tout sous la pression accrue du Fonds monétaire international (FMI).

“Les discussions ont été centrées sur des questions légales et techniques (…) et certains progrès ont été réalisés, les travaux se poursuivront” vendredi, a indiqué le lobby bancaire mondial IIF, après une réunion à Athènes entre son patron, Charles Dallara, et le Premier ministre grec, Lucas Papademos.

Pour le FMI, l’objectif intangible est de ramener la dette publique grecque à 120% du PIB d’ici à 2020. C’est la condition sine qua non pour qu’il débloque une nouvelle série de prêts d’urgence vitaux pour Athènes.

Or, selon des sources proches du dossier, la proposition des créanciers privés ne permettrait d’atteindre qu’un endettement d’environ 130%. Il faudrait donc que les créanciers publics remettent au pot.

Mais pour l’instant, ces derniers, notamment la Banque centrale européenne (BCE), qui détient environ 45 milliards d’euros de dette grecque, font la sourde oreille.

Le président de l’Eurogroupe et chef du gouvernement luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a estimé que les Etats créditeurs de la Grèce devraient “renoncer à une partie de la dette grecque”, comme les banques privées, dans un entretien paru vendredi dans le quotidien autrichien Standard.

La Grèce “servira de précédent” pour les investisseurs de la zone euro. “La Grèce est importante pour son exemplarité”, a averti à Davos le patron de la banque française Société Générale, Frédéric Oudéa.