accueil de Twitter (Photo : Nicholas Kamm) |
[27/01/2012 11:25:43] PARIS (AFP) L’annonce par Twitter de la possibilité de bloquer des messages dans certains pays si la législation l’exige, “est une mauvaise nouvelle pour la liberté d’expression en ligne” et une forme de “collaboration avec les censeurs”, a estimé vendredi Reporters sans Frontières.
Le site de microblogs a annoncé jeudi soir que certains tweets pourront être bloqués dans certains pays mais pas dans d’autres, alors que jusqu’à présent les messages bloqués l’étaient dans le monde entier. Il n’a cependant pas dévoilé les moyens qu’il utilisera pour procéder en ce sens.
Twitter argue de sa progression à l’international, évoquant le fait que certains pays “ont diverses positions sur la liberté d’expression”, probablement une allusion à la Chine, un des pays où Twitter est encore inaccessible.
Contactée par l’AFP, l’organisation de défense des journalistes RSF a fait part de sa “très grande inquiétude concernant cette décision, une mauvaise nouvelle pour la liberté d’expression en ligne”.
“Twitter est un moyen de communication important, on a notamment vu le rôle joué par les réseaux sociaux lors des révolutions arabes”, a déclaré Lucie Morillon, responsable du bureau Nouveaux médias.
“Cette décision de s’adapter aux législations locales sur les questions de liberté d’expression ne signifie pas simplement une adaptation culturelle mais cela veut dire que Twitter va collaborer avec les censeurs, et finalement les aider à empêcher des informations critiques sur le gouvernement ou des dénonciations de corruption”, selon elle.
“On n’est pas en train de dire que les entreprises doivent agir illégalement, mais quand elles sont des vecteurs de la liberté d’expression dans des pays où cette liberté n’est pas reconnue, la législation locale ne fait pas le poids face aux impératifs de liberté d’expression”, a-t-elle ajouté.
Reste à savoir comment Twitter va procéder: “va-t-il attendre une injonction de la justice ? Est-ce qu’un simple coup de fil, comme cela s’est longtemps passé en Chine, du commissariat de police local suffira à enlever un message ? Est-ce que cela fonctionnera par mots-clé interdits?”, se demande RSF.
“Cela fait des années que la Chine fait signer des pactes d’autocensure aux entreprises étrangères qui veulent opérer sur son sol, donc finalement Twitter se soumet finalement à ce pacte”, a résumé Mme Morillon.