Economie et présidentielle : objectif double pour Sarkozy à la télévision

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à Marseille (Photo : Eric Feferberg)

[27/01/2012 13:57:01] PARIS (AFP) Nicolas Sarkozy exposera dimanche à la télévision une série de mesures destinées à lutter contre le chômage, mais tentera aussi de reprendre la main, à douze semaines d’une présidentielle incertaine pour lui, face à l’accélération de la campagne du candidat socialiste François Hollande.

Le chef de l’Etat sera interrogé une heure durant, à l’Elysée, par des journalistes de TF1, France 2, BFMTV, i-TELE et LCI. C’est la première fois que les chaînes d’information en continu sont invitées à interviewer le président au palais présidentiel.

L’objectif premier, pour M. Sarkozy, est de présenter aux Français “les mesures structurelles et fortes” -selon les mots de son Premier ministre François Fillon-, censées booster une économie française gangrenée par une croissance atone et un taux de chômage en hausse continue.

Comme cela en avait été discuté avec les syndicats lors du sommet social du 18 janvier à l’Elysée, M. Sarkozy devrait annoncer une hausse de la TVA -probablement sans prononcer les mots qui fâchent de “TVA sociale”-, de façon à réorienter vers elle une partie du financement de la protection sociale, qui pèse jusqu’ici uniquement sur les cotisations salariales et patronales.

Autre réforme envisagée: la flexibilité du travail, grâce à des “accords de compétitivité” par entreprise ou par branche, “comme cela existe déjà en Allemagne” à l’économie florissante, aime à souligner M. Sarkozy.

Il lui faudra toutefois se montrer très pédagogue pour faire accepter aux Français des mesures, impopulaires jusque dans la majorité, qui consistent à relever un impôt indirect, alors que le pouvoir d’achat des Français est déjà en berne, et à vider complètement de leur substance les 35 heures.

M. Sarkozy devrait également annoncer des mesures en faveur du logement, dont il avait déploré le “manque” et le “prix considérable”, lors du sommet social.

Selon son entourage, le président a tenu à s’exprimer avant le sommet européen de lundi à Bruxelles, qui aura lieu sous le signe d’une relative détente, en raison d’une accalmie sur le front de la crise de la dette, toutefois encore précaire.

Cet exercice de pédagogie, aussi difficile soit-il pour celui qui se voulait, au moment de son élection, “le président du pouvoir d’achat”, mais qui s’est vite heurté à la réalité de la crise, pourrait lui offrir l’occasion de reprendre la main aux yeux des Français.

Une éventuelle déclaration, dimanche, de sa candidature à l’élection présidentielle est toutefois écartée par son entourage, alors que certains dans la majorité le pressent d’entrer dans l’arène plus tôt que la date prévue de mars, afin de contrer un Hollande en pleine forme dans les sondages.

“Ce n’est pas à l’ordre du jour, le calendrier a toujours été le même en ce qui le concerne, il ne le changera pas”, affirme-t-on à l’Elysée, où l’on ne souhaite surtout pas donner l’impression d’une fébrilité ou d’un sentiment d’urgence face à un candidat socialiste en train de gagner en crédibilité auprès des Français.

“Aujourd’hui, il part du principe que la crise est assez grave pour qu’un président de la République s’occupe matin, midi et soir des Français et pas d’une campagne présidentielle qui a lieu dans plus de deux mois. C’est un état d’esprit”, assure-t-on à l’Elysée.

Dont acte. Il n’empêche que c’est avec un oeil rivé vers l’élection que M. Sarkozy s’appliquera à déployer son volontarisme pour convaincre des téléspectateurs, qui sont aussi des électeurs, qu’il est bien l’homme de la situation.

Le CSA a d’ailleurs indiqué que le temps de parole du chef de l’Etat serait décompté quand il interviendra “en tant que +candidat présumé+”.

Le jeu en vaut peut-être la chandelle: “Rien n’est joué”, assure Henri Guaino, conseiller spécial du président.