Deux semaines après qu’Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères français, l’a annoncé, lors de sa visite du 3 janvier 2012 en Tunisie, l’ambassadeur de France à Tunis, Boris Boillon, l’a confirmé: Paris est en train de préparer un plan en vue d’aider la Tunisie à surmonter les difficultés économiques et sociales inhérentes à la phase de transition démocratique qu’elle traverse. M. Boillon a fait cette annonce, le 18 janvier 2012, lors de la conférence de presse annuelle de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CFTCI).
Le plan d’action en préparation se décline en trois axes. Les deux premiers concernent la société civile et l’Etat de droit et visent à provoquer des rapprochements entre associations et institutions des deux pays; donc à booster les relations tuniso-françaises après qu’elles ont un peu flotté au lendemain de la victoire du mouvement Ennahdha aux élections du 23 octobre 2011.
Le troisième a trait au volet socio-économique, le plus important pour les Tunisiens, et, également, celui auquel la France devrait consacrer le plus de moyens.
Dans ce domaine, la France agit, comme l’explique l’ambassadeur, au double plan multilatéral et bilatéral. Le multilatéral se joue dans le cadre du G8 où «la Tunisie peut compter sur la France comme un avocat», plaide le diplomate.
En effet, c’est Paris qui, en avril dernier, avait pris l’initiative d’inviter le gouvernement de transition de Béji Caïd Essebsi à venir défendre le dossier tunisien devant les chefs d’Etat et de gouvernement des huit pays les plus importants de la planète (Sommet du G8).
Lors de ce rassemblement, il avait été décidé de consacrer 70 milliards de dollars sur plusieurs années au développement «des pays arabes connaissant une transition démocratique». La Tunisie avait estimé ses besoins à 5 milliards de dollars par an. «Actuellement, on est dans les clous», assure Boris Boillon, puisque «2 à 2,5 milliards de dollars ont déjà été décaissés en faveur de la Tunisie».
La France est également pour quelque chose, souligne le diplomate, dans la récente décision de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) «d’inclure la Tunisie dans son mandat» pour la faire bénéficier de ses financements. Paris entend également «participer à la Task force chargée de booster le partenariat» de la Tunisie avec l’Union européenne.
Au plan bilatéral, aux 200 millions d’euros décaissés par l’Agence Française de Développement (AFD) en 2011, s’ajoutera en 2012 une enveloppe «sensiblement égale dans le cadre du Plan annoncée par Juppé» et prévoyant l’octroi de 450 millions d’euros sur trois ans. En effet, la Tunisie, qui «est le pays au monde bénéficiant de la plus grosse mobilisation financière de l’AFD», va continuer à bénéficier «des instruments exceptionnels» (Réserve Pays Emergeant, FASEP, ligne de crédit de 40 millions d’euros en faveur des PME, etc.) dont elle profite déjà.
Parallèlement à cette mobilisation financière, la France va continuer à travailler sur quatre dossiers: le tourisme, la formation professionnelle, la Libye –en vue d’y développer un partenariat tuniso-français basé sur «des atouts complémentaires pour attaquer le marché libyen»- et la circulation –car «le renforcement des relations bilatérales passe aussi par-là»- notamment en augmentant le nombre de visas de circulation longue durée.