économique mondial) dans son igloo à Davos le 23 janvier 2012 (Photo : Fabrice Coffrini) |
[27/01/2012 15:06:20] DAVOS (AFP) A quelques pas du confort et de la chaleur du Centre des congrès du Forum économique mondial (WEF) de Davos, les opposants au grand raout de l’économie et de la politique mondiales ont installé des igloos pour protester contre les “élites auto-proclamées”.
A l’entrée du camp, un jeune militant s’active à scier des morceaux de bois dans la pénombre du jour finissant. La motivation est d’autant plus grande qu’à Davos, la nuit tombe vite et que le thermomètre chute rapidement en hiver dans cette station de ski des Alpes suisses, à 1.500 m d’altitude.
“C’est mon premier jour, alors je suis motivé”, explique le jeune homme plein d’entrain. Derrière lui, se dressent sept igloos que les activistes ont construits samedi dernier sur un grand parking aux abords du village.
L’igloo principal est plutôt confortable, une fois que l’on s’est glissé à l’intérieur. “A plusieurs et avec des sacs de couchages, la température reste supérieure à zéro degré”, souligne Raffael, emmitouflé dans ses vêtements de ski.
Pour David, un autre jeune militant, “le plus dur a été la première nuit. Après, on s’habitue”.
La cinquantaine de contestataires du WEF ont monté le camp dans l’esprit du mouvement des “indignés” qui a vu le jour devant Wall Street. Ils ont également installé deux yourtes confortables au sol recouvert de tapis et dans lesquelles fument des poêles.
Le mouvement “Occupy WEF” suisse fait partie d’un rassemblement mondial qui a débuté à New York fin septembre pour dénoncer les inégalités sociales et la cupidité des groupes financiers, avant d’essaimer. Des campements de protestation ont ainsi vu le jour dans d’autres villes du monde, notamment dans la Confédération.
Les militants helvétiques ont aussi amené un container pour stocker la nourriture et cuisiner, faisant de leur camp une véritable petite base de vie pour contestataires anti-WEF motivés, qui n’hésitent pas à tweeter leurs dernières informations et alimenter les médias internationaux en communiqués de presse.
“La police nous observe de loin, elle nous laisse généralement tranquilles”, raconte Raffael, qui travaille dans le secteur de la mode.
économique mondial) sort de son igloo à Davos le 23 janvier 2012. (Photo : Fabrice Coffrini) |
“Mais nous sentons la pression des autorités. D’un côté il y a 2.600 participants au WEF et 6.000 forces de sécurité contre une cinquantaine de militants. On nous a bien fait comprendre qu’aucun écart ne serait toléré”.
Face à l’omniprésence de la police qui, selon Raffael, n’hésite pas à placer en garde à vue les contestataires osant s’aventurer dans les rues de Davos, les actions des militants sont restées jusqu’à présent mesurées.
Ils ont accroché une banderole dans la rue centrale et ont fait s’envoler une autre, accrochée à des ballons.
Samedi, ils prévoient de participer à une manifestation organisée par d’autres contestataires du Forum de Davos. Mais “pacifiquement”, insistent-ils, car ils craignent des débordements.
Pour Raffael, “les gens sont pour l’instant épargnés par la crise en Suisse” et ne voient pas de raison de remettre le système économique et politique en question, alors que les pays voisins sont touchés de plein fouet par la crise des dettes publiques, qui a provoqué une flambée du chômage.
Les militants ont reçu une invitation à l'”Open Forum”, une réunion du WEF ouverte au public alors que le reste des débats est strictement réservé à des participants dûment accrédités.
Si Raffael a l’intention de répondre à cette invitation pour défendre son point de vue, il n’en reste pas pour le moins dubitatif: “C’est ridicule! Cette rencontre est instrumentalisée par le WEF”.