Davos : l’Europe en crise ne doit pas oublier les pays émergents

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édits aux plus pauvres, le 25 janvier 2012 au Forum économique de Davos, en Suisse (Photo : Vincenzo Pinto)

[28/01/2012 10:16:28] DAVOS (Suisse) (AFP) Les pays pauvres et émergents redoutent les conséquences pour leur propre croissance du ralentissement économique en Europe et de la rigueur budgétaire qui menace de réduire l’aide au développement.

L’Europe, confrontée à l’une des plus graves crises économique depuis la Seconde guerre mondiale, ne doit pas oublier les pays émergents, qui souffrent aussi de la rigueur budgétaire dans l’UE, a averti samedi Muhammad Yunus.

“Quand l’Europe ralentit que se passe-t-il dans des pays comme le Bangladesh”, le pays d’origine du prix Nobel de la paix et pionniers des microcrédits concédés aux plus pauvres.

“Le Bangladesh dépend des exportations. Et quand vous n’achetez plus nos T-shirts, nous n’avons plus d’emplois et les entreprises ferment”, indique M. Yunus à l’AFP, en marge du Forum économique mondial (WEF) de Davos.

Selon M. Yunus, 71 ans, les commandes existantes en provenance d’Europe ou des Etats-Unis ont déjà été annulées et les entrepreneurs locaux sont devenus extrêmemement prudents.

Les pays en développement, notamment en Asie, ont jusqu’à présent profité de leur rôle de manufacture des pays industrialisés, les exportations constituant le moteur principal de leur croissance.

Mais celles-ci commencent à fléchir, notamment en Chine, en raison notamment du ralentissement en Europe. Or, nombre d’experts estiment que l’Europe entrera en récession en 2012 avant de renouer avec une croissance molle.

“La croissance en Europe va être faible au cours des cinq prochaines années et la question essentielle est de savoir si ce sera seulement pendant cinq ans ou dix ans”, a ainsi averti à Davos le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy.

La crise des dette publiques et les taux de chômages élevés qui bouleverse l’Europe a touché par ricochets les pays en développement et leur fragile demande intérieure n’est pas en mesure de prendre le relais.

Le retour à la discipline budgétaire prônée par les responsables politiques va également avoir un impact négatif sur l’aide au développement, a estimé M. Yunus.

“Si vous contrôlez plus strictement vos budgets, alors l’aide au développement va baisser”, a-t-il prévenu.

La Commission européenne a décidé de couper en 2014 l’aide au développement à 19 pays émergents, dont la Chine, le Brésil et l’Inde, pour réorienter ses fonds vers les pays les plus pauvres et se concentrer sur la bonne gouvernance et la croissance.

Face à ce difficultés, M. Yunus appelle les gouvernements européens à ne pas oublier les pays émergents. “Il faut autant que possible protéger l’aide au développement et allouer les ressources le mieux possible”, a-t-il insisté.

La Banque mondiale (BM) a récemment mis en garde contre le ralentissement de l’économie mondiale, qui risque, selon elle, de toucher durement les pays en développement.

Ce point de vue a été partagés par plusieurs intervenants au WEF, notamment par le président tanzanien Jakaya Kikwete.

“Nous faisons partie de l’économie mondiale, donc quoi qu’il se passe dans d’autres parties du monde, cela nous affecte également”, a-t-il indiqué.

Selon M. Kikwete, il existe “beaucoup d’anxiété avec la crise dans la zone euro. J’espère que ce sera réglé rapidement. Car si ça ne l’est pas, il y aura beaucoup de problèmes”.

Le Fonds monétaire international (FMI) a quant à lui nettement abaissé, à 3,3% contre 4,0% auparavant, sa projection de croissance mondiale pour cette année.