Quand je regarde ce qui se passe ces temps-ci, j’ai un comportement contradictoire voire dichotomique: d’un côté, un pays qui essaie de tourner envers et contre tout dans un environnement international crispé et frôlant la catastrophe; d’autre part, un pays qui va d’ennui en ennui et de problèmes en problèmes avec une équipe dirigeante qui semble avoir perdu le sens de l’orientation dans un désert sans fin.
Car, si on regarde la Tunisie depuis toujours, le bey régnait mais ne gouvernait pas, Bourguiba faisait de la politique et de seulement de la politique, et ses collaborateurs mettaient en forme cette politique; Ben Ali s’occupait de sécurité et laissait ses ministres faire tout en se servant en cours de route; Foued Mbazaa a fait son travail en silence et BCE a géré l’administration et a laissé un magnifique Livre blanc pour servir de guide; et ensuite sont arrivés les autres, qui se sont mis à tout mélanger (politique, gestion, économie, religion, etc.). Du coup, cela a créé des cocktails explosifs, un émirat salafiste: un Sejnane qu’on a laissé faire, une université fermée pour cause de niqab, une horrible vidéo sortie on ne sait comment pour choquer les uns et les autres…
Aussi, des comportements contradictoires entre les différents centres de décision et une cacophonie qui résonne au fond de nos tympans agressés par cette ambiance stressante.
Oui ces hommes et ces femmes ont souffert, oui ces hommes et ces femmes ont subi des outrages, oui ces hommes et ces femmes ont cumulé presque 4 siècles de prison et d’éloignement durant le règne de Zaba, et maintenant ces gens-là veulent et faire de la politique et de la gestion économique! On peut difficilement être chef d’orchestre et jouer du tambourin chacun son métier…
D’ailleurs, je n’ai toujours pas compris pourquoi on a envoyé un homme qui a souffert diriger un ministère qui l’a fait souffrir! Cela relève de l’aberration, car respecter cet homme aurait été de le charger des Droits de l’Homme, lui qui sait de quoi il en retourne…
On sent bien les contradictions du pouvoir, entre le chef du gouvernement qui a fini par comprendre les enjeux et qui a beaucoup appris en quelques semaines, ses collaborateurs qui passent leur temps à se contredire, et les députés dont certains proposent de transformer ce pays en banquise où se pavaneraient des manchots!
Avec tout le respect que je dois à leur souffrance, notre pays lui aussi est dans une situation dichotomique. Tout le monde nous regarde: il y a ceux qui rêvent que ça échoue pour dire que l’islam n’est qu’échec, ceux qui veulent que ça réussisse pour dire que l’islam est un vecteur de développement. Et pour terminer, je ne peux dire que «Allah istar tounes»…