Sarkozy annonce l’instauration d’une taxe sur les transactions financières

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écrans (Photo : Eric Piermont)

[29/01/2012 22:15:32] PARIS (AFP) Le président Nicolas Sarkozy a annoncé dimanche l’instauration dès août par la France, sans attendre le reste de l’Europe, d’une taxe sur les transactions financières qui risque de heurter la place financière de Paris mais est d’ores et déjà jugée insuffisante par les ONG.

M. Sarkozy a mis à exécution sa décision, dégainée ces dernières semaines, de faire cavalier seul pour l’instant.

La France va donc appliquer “au mois d’août de cette année” une “taxe sur les transactions financières” de “0,1%” qui rapportera aux caisses de l’Etat “un milliard d’euros en année pleine” pour “réduire les déficits”.

“Nous avons trouvé un dispositif qui permet d’éviter les délocalisations puisque toute entreprise cotée en France, même si on l’achète à New York, paiera une taxe de 0,1%. Les CDS (Credit Default Swaps, NDLR), qui sont des instruments spéculatifs sur la dette souveraine, paieront une taxe, et les achats spéculatifs par ordinateur paieront une taxe”, a-t-il ajouté.

Cette taxe devrait ainsi viser les échanges d’actions et de certains produits dérivés mais épargner les obligations d’Etat, c’est-à-dire le marché de la dette publique au coeur des turbulences de la zone euro.

La place financière de Paris s’était émue par avance d’une telle taxe mise en oeuvre en France uniquement, estimant qu’elle “affaiblirait l’économie française” et serait “inappropriée”. De la même manière, le patronat a mis en garde contre une “délocalisation massive” des transactions.

Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont plaidé, ces derniers mois, pour la création d’une telle “taxe Tobin”, du nom du prix Nobel d’économie James Tobin qui imagina, le premier, un tel mécanisme pour freiner la spéculation sur le marché des changes.

Mais il n’était question initialement que d’une instauration au niveau de l’Union européenne, voire de la zone euro étant donnée l’hostilité du Royaume-Uni et de la Suède.

Berlin reste sur cette ligne, pendant que Bruxelles planche sur un mécanisme européen. Le Premier ministre britannique David Cameron a lui vivement critiqué jeudi le projet de taxe Tobin, qualifié de “folie”.

“Ce que nous voulons c’est provoquer un choc, montrer l’exemple”, a expliqué M. Sarkozy, assurant qu'”il est évident qu’à la minute où l’Europe se sera dotée d’une taxe, nous rejoindrons le groupe européen”.

Des organisations non gouvernementales ont immédiatement dénoncé une taxe “au rabais”. “Tout ça pour ça”, s’est désolé Guillaume Grosso, le directeur pour la France de ONE, l’ONG cofondée par le chanteur Bono.

“A trois mois des élections, le président-candidat présumé nous annonce une taxe de mascarade pour renflouer les caisses de l’Etat et non plus pour aider les plus pauvres”, a-t-il ajouté.

De la même manière, Oxfam France estime qu’un milliard, “c’est très en-deçà de ce que ça pourrait rapporter”.

“En outre, le président Sarkozy fait une volte-face totale sur ses engagements répétés d’affecter le produit de cette taxe à la lutte contre la pauvreté, le développement et le financement du combat contre le réchauffement climatique”, a regretté son directeur général Luc Lamprière.