à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[30/01/2012 05:30:47] BRUXELLES (AFP) Les dirigeants européens espèrent commencer lundi à tourner la page de la crise de la dette, malgré les difficultés persistantes de la Grèce, en adoptant un nouveau pacte de discipline budgétaire renforcée et en cherchant des pistes pour relancer la croissance en berne.
Les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept se retrouvent à partir de 15H00 (14H00 GMT) à Bruxelles.
Au menu: la finalisation du nouveau pacte budgétaire voulu à tout prix par l’Allemagne qui en a fait une condition sine qua non en échange de sa solidarité.
La ratification de ce texte négocié par 26 pays de l’UE, la Grande-Bretagne refusant d’y adhérer, sera à l’avenir nécessaire pour qu’un pays européen puisse bénéficier d’aides financières de ses partenaires.
Le pacte va imposer partout la mise en place de règles d’or sur le retour à l’équilibre budgétaire et introduire des sanctions quasi-automatiques contre les comptes publics qui dérapent. Quelques points litigieux restent néanmoins à régler lundi.
L’un d’eux, très sensible politiquement, porte sur les formats des futurs sommets de la zone euro. La Pologne insiste pour y être invitée, bien que ne faisant pas partie de l’Union monétaire, et s’est lancée dans un bras de fer avec la France qui refuse que cela devienne systématique. Un autre est lié au champ exact du nouveau régime de sanctions quasi-automatiques: pour punir les seuls dérapages de déficits ou de la dette globale aussi ?
Beaucoup de pays espèrent que ce traité rassurera la Banque centrale européenne (BCE) et l’encouragera à intensifier son action face à la crise de la dette. L’Allemagne pourrait aussi accepter à terme d’augmenter de 500 à 750 milliards d’euros les ressources du Fonds de secours permanent de la zone euro (MES), qui sera mis sur les rails lundi lors du sommet, alors qu’elle s’y refuse aujourd’hui malgré les appels du pied du FMI et de la France.
Le traité peut “créer une dynamique”, résume un diplomate européen de haut rang.
Sur le papier, l’objet principal du sommet est toutefois ailleurs. Les dirigeant veulent se consacrer à la croissance et l’emploi, deux sujets longtemps occultés par la crise de la dette et les plans d’austérité qui pèsent sur les populations.
Une grève générale est du reste prévue en Belgique lundi, le jour du sommet.
Il s’agit dans l’esprit des dirigeants surtout d’envoyer un message d’optimisme à leurs opinions. L’idée est de tourner lentement la page après deux ans de crise, en essayant d’avancer sur des questions à la dimension plus sociale, comme le chômage des jeunes.
“C’est surtout de l’affichage politique”, tempère un diplomate. “Il n’y aura ni chiffre, ni décision spectaculaire”, a déjà prévenu le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
Les Européens réfléchissent à rediriger les budgets de certains fonds européens pour lutter contre le chômage des jeunes et aider les petites et moyennes entreprises.
Fondamentalement, la tâche promet d’être ardue car les pays européens ne privilégient pas les mêmes recettes pour favoriser la croissance, entre la Grande-Bretagne qui ne jure que par la libéralisation et le marché unique européen, l’Allemagne qui parle discipline budgétaire et réformes et la France qui aimerait qu’on se penche aussi sur un rapprochement des politiques fiscales pour éviter le “dumping”.
Malgré leur volonté de se porter sur le moyen et long terme, les chefs d’Etat doivent encore garder un oeil sur l’urgence de situation en Grèce, dont le sort est suspendu aux négociations avec ses créanciers privés pour effacer quelque 100 milliards d’euros de dette.
De cet accord discuté depuis trois semaines dépend le déclenchement du second plan d’aide à la Grèce, d’un montant de 130 milliards d’euros. Et qui pourrait devoir être porté à 145 milliards d’euros en raison de la dégradation de l’économie du pays, selon des sources européennes.
L’accord que la Grèce négocie avec les banques ne permettra pas de ramener comme escompté au départ l’endettement du pays à 120% d’ici 2020. Or, cet objectif est intangible pour le FMI, un des principaux bailleurs de fond de la Grèce.
Dans ces conditions, M. Juncker, a estimé que les Etats créditeurs publics de la Grèce (pays de la zone euro et BCE) devraient “renoncer à une partie de la dette grecque”, comme les banques privées.
Dans ce contexte, perdant manifestement patience vis-à-vis de la Grèce, plusieurs pays de la zone euro, dont l’Allemagne, demandent une tutelle renforcée sur le pays avec contrôle européen de ses décisions budgétaires. Ce qu’Athènes refuse catégoriquement.