Les dirigeants européens divisés sur la crise en Grèce

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à Bruxelles (Photo : Philippe Wojazer)

[30/01/2012 18:17:50] BRUXELLES (AFP) Les dirigeants européens ont entamé lundi à Bruxelles leur premier sommet de l’année sur une controverse provoquée par une proposition allemande de mise sous tutelle de la Grèce, alors que la réunion devait initialement servir à tourner la page de la crise de la dette.

La réunion a débuté vers 15H30 (14H30 GMT) et doit durer quelques heures.

Sur le papier, elle est consacrée aux moyens de relancer la croissance et l’emploi, deux sujets longtemps occultés par la crise et l’austérité qui suscite la grogne en Europe. La Belgique était partiellement paralysée lundi par une grève générale.

“Ce Conseil (européen) doit être un Conseil qui montre le chemin de l’espoir”, a résumé le président de l’UE Herman Van Rompuy en ouverture des débats, “le but ultime de ce que nous faisons est d’améliorer la vie de tous”.

Mais la Grèce s’est de nouveau invitée dans la discussion. Berlin a jeté un pavé dans la mare en proposant de placer Athènes sous stricte tutelle d’un commissaire européen qui disposerait d’un droit de veto sur les décisions budgétaires du gouvernement.

L’Allemagne, à l’instar d’autres pays, perd patience à l’égard de la Grèce face à la lenteur des réformes dans le pays et aux objectifs de réduction du déficit public national sans cesse reportés.

Le projet a été révélé au cours du week-end et suscité des réactions très négatives en Grèce. “Soit nous avançons sur la voie démocratique où chaque pays est responsable de sa propre politique, soit nous sapons la démocratie dans l’Europe entière”, a réagi lundi à Bruxelles Georges Papandréou, le chef de file des socialistes grecs et ex-Premier ministre.

Athènes n’est pas seul à s’indigner. “Inacceptable”, a estimé le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker à Bruxelles. Abondant dans ce sens, le chancelier autrichien Werner Faymann a lui jugé cette proposition “vexante.

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éenne le 30 janvier 2012 à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

Face à cette fronde, la chancelière allemande Angela Merkel a tenté de calmer le jeu, sans pour autant se désavouer.

Le débat doit porter sur “comment l’Europe peut aider à ce qu’en Grèce les tâches qui ont été données soient effectuées”, a-t-elle déclaré à la presse.

“Mais tout ceci ne fonctionne que si la Grèce et les autres Etats membres (de l’UE) en discutent, c’est la raison pour laquelle je ne souhaite pas de débat polémique mais une discussion qui aboutisse à un succès”, a-t-elle ajouté.

Plus catégorique, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a lui laissé plané la menace d’un arrêt des prêts européens à Athènes faute de progrès.

Berlin peut compter sur le soutien tacite des Pays-Bas et de la Suède. Le Premier ministre néerlandais néerlandais Mark Rutte a demandé que la Grèce “honore tous les engagements qu’elle a pris avec nous” et son homologue suédois Fredrik Reinfeldt a dit “comprendre” la position allemande.

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ée du président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso à Bruxelles pour un sommet européen, le 30 janvier 2012 (Photo : Georges Gobet)

En jeu: le déblocage du second plan d’aide au pays d’un montant de 130 milliards d’euros, promis par les Européens en octobre dernier.

Cette aide est vitale pour la Grèce qui doit rembourser 14,5 milliards d’euros de prêts le 20 mars. Sans aide, le pays se retrouvera en faillite dans moins de deux mois.

En dehors du cas grec, les dirigeants européens veulent tenter lors du sommet d’envoyer un message d’espoir à leurs concitoyens en matière de croissance et de lutte contre le chômage.

Ils réfléchissent notamment à rediriger les budgets de certains fonds européens pour lutter contre le chômage des jeunes et aider les petites et moyennes entreprises.

“Nous allons proposer de réaffecter des fonds structurels non utilisés”, a réaffirmé le président de Commission européenne José Manuel Barroso, sachant que l’UE a dans son budget une cagnotte de 82 milliards d’euros encore disponibles pour co-financer des projets.

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éma du nouveau Mécanisme européen de stabilité (MES)

Aucune mesure concrète ne devrait toutefois être annoncée.

Autre mission pour les 27 dirigeants européens: peaufiner leur arsenal anti-crise, en adoptant un nouveau traité visant à durcir leur discipline budgétaire commune. Ce pacte prévoit l’instauration généralisée d’une “règle d’or” sur le retour à l’équilibre et l’introdcution de sanctions quasi-automatiques contre les dérapages budgétaires.

Parmi les questions en suspens figure celle des formats des futurs sommets de la zone euro. La Pologne qui n’a pas encore adopté la monnaie commune insiste pour y être invitée et a confirmé lundi qu’elle ne signerait pas le traité en l’état. Mais la France refuse que cela devienne systématique.

Dernier chantier, les Européens vont mettre sur les rails le futur fonds de secours financier permanent de la zone euro (le MES), qui commencera à fonctionner en juillet. Restera à déterminer sa capacité de prêts effective, mais cette question ne sera abordée qu’en mars.