éaire de Nogent-sur-Seine, le 5 décembre 2011 (Photo : Francois Nascimbeni) |
[31/01/2012 09:48:37] PARIS (AFP) La Cour des comptes va publier ce mardi un rapport sans précédent sur l’ensemble des coûts liés à la production d’électricité nucléaire en France, une opération vérité réalisée à la demande du gouvernement face aux polémiques sur cette source d’énergie controversée.
Ce rapport, qui sera publié à la mi-journée, doit faire le tour des dépenses publiques et privées dans la filière de production d’électricité nucléaire, de la construction des réacteurs jusqu’à leur démantèlement et à la gestion des déchets radioactifs à long terme.
La ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a affirmé avant la publication de ce document très attendu que la Cour relevait d’importantes incertitudes concernant certains postes, tout en confirmant que le nucléaire est une énergie “peu chère”.
ée à Paris (Photo : Eric Feferberg) |
“Ce qui ressort du rapport à ce stade, ce que j’en ai vu, c’est qu’il y a des incertitudes sur certains des coûts, et il va falloir préciser pour être sûr que tout soit bien intégré”. Cependant, “le nucléaire reste, même avec ces incertitudes, une énergie relativement peu chère”, a-t-elle déclaré sur France 2.
A l’inverse, la candidate écologiste à la présidentielle Eva Joly a estimé que le rapport “va bouleverser les données, bouleverser l’idée que l’énergie nucléaire est une énergie pas chère”, et constituera un “document vérité”.
Déjà, au début du mois, le quotidien La Tribune avait affirmé, en s’appuyant sur une version provisoire du rapport, que la Cour signalerait des “incertitudes importantes”, notamment sur le coût de la gestion des déchets, et réclamerait “une expertise indépendante” des charges de démantèlement des centrales.
Le président Nicolas Sarkozy avait accepté au printemps dernier le principe de l’audit, qui avait été réclamé par des ONG après la catastrophe nucléaire de Fukushima.
Une expertise aussi détaillée et systématique n’a jamais été effectuée en France, championne de l’atome, alors que le coût réel du nucléaire oppose régulièrement ses défenseurs et ses adversaires, ces derniers soupçonnent les premiers de chercher à le minimiser.
érence de presse le 25 juillet 2011 (Photo : Pierre Verdy) |
La Cour des comptes a été chargée de tout passer au crible, et notamment les coûts passés, présents et futurs revenant aux exploitants des centrales, la méthode d’évaluation des frais de démantèlement des réacteurs et de gestion des déchets radioactifs, mais aussi les dépenses publiques liées à la filière.
L’exercice est très complexe et certains postes comme le démantèlement des installations arrivées en fin de vie et le stockage des déchets radioactifs, ont déjà fait l’objet de chiffrages très différents, sans nécessairement utiliser les mêmes paramètres.
Au sein de la Cour, on espère que ce rapport permettra d’élever les débats sur le nucléaire, en mettant sur la place publique une somme inégalée de données objectives, sur lesquelles tout le monde pourra s’appuyer.
“Nous espérons que cela va rendre les débats plus solides, même s’il y aura toujours des polémiques”, a dit lundi à l’AFP un magistrat ayant participé à l’élaboration du rapport.
Le document est en effet présenté en plein débat brûlant sur la part du nucléaire dans la production française d’électricité, actuellement autour de 75%. Le Commissariat à l’énergie atomique a publié ce mardi une étude qui montre qu’une sortie complète du nucléaire coûterait entre 530 et 772 milliards d’euros, soit environ le triple d’un maintien du nucléaire à son niveau actuel.