entreprise Sernam (Photo : Philippe Huguen) |
[31/01/2012 14:22:49] PARIS (AFP) Le transporteur Sernam, en proie à d’importantes difficultés financières, a été placé mardi en redressement judiciaire, ce qui ouvre la voie à un possible retour dans le giron de la SNCF, dont une filiale est sur les rangs pour une éventuelle reprise.
“Cette procédure, déclenchée à la demande de Sernam, va permettre à l’entreprise de poursuivre son activité dans un cadre juridique sécurisé”, a déclaré la direction du groupe de messagerie dans un communiqué.
“Sernam continuera donc chaque jour à prendre en charge, trier, transporter et livrer les envois de ses clients en France et en Europe, dans les conditions habituelles de sécurité, de délai et de suivi”, a-t-elle ajouté.
Le tribunal de Commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) a décidé d’une période d’observation de six mois et fixé une nouvelle audience au 27 mars.Il a désigné un administrateur et un mandataire chargés d’examiner le bilan économique et social de l’entreprise, qui emploie 1.600 salariés, et de rechercher une solution pour sa survie.
Spécialiste de la messagerie et du transport express, Sernam connaît d’importantes difficultés financières depuis plusieurs années.
Le groupe, ancienne filiale de la SNCF privatisée en 2005, a enregistré une perte de 15 millions d’euros en 2010 pour un chiffre d’affaires de près de 300 millions d’euros. L’exercice précédent s’était soldé par un déficit d’exploitation de 20,1 millions d’euros, pour un volume de ventes de 329 millions d’euros.
Les syndicats ont aussitôt réagi, se disant particulièrement attentifs aux conditions d’une éventuelle reprise et au maintien des emplois.
“Nous souhaitons une solution industrielle avec une perspective à long terme”, a déclaré à l’AFP Jésus Garrido, délégué central FO.
à Sainghin-en-Melantois (nord de la France). (Photo : Philippe Huguen) |
“Ca va être compliqué (…) car le marché ne s’y prête pas aujourd’hui, mais on veut sauver le maximum d’emplois, les sous-traitants et la filiale route Aster” (environ 250 salariés), dont la liquidation devrait être prononcée vendredi, a réagi Patrice Clos, de la fédération FO transports.
——— Un retour dans le giron de la SNCF ? ———
Le fonds d’investissement Butler Capital Partners (BCP) est, depuis 2006, l’actionnaire majoritaire de Sernam (52% du capital). Des informations de presse ont annoncé son intention de se désengager.
Deux noms de repreneurs circulent à ce jour : le groupe Caravelle, spécialisé dans la reprise d?entreprises en difficulté, et Geodis, branche de la SNCF chargée des transports et de la logistique.
La solution Geodis signifierait un retour de Sernam dans le giron de la SNCF qui l’avait créé, en 1970, pour gérer le transport des colis et des bagages.
Geodis avait d’ailleurs, mardi, les faveurs des représentants du personnel. “Ce serait pour nous une garantie et notre ancienne maison-mère nous doit bien un peu d’aide”, a souligné Jésus Garrido.
Geodis a manifesté lundi son intérêt par la voix de son directeur général Pierre Blayau. “Nous allons nous inscrire dans la perspective du redressement judiciaire et faire des propositions”, a-t-il annoncé au quotidien Les Echos.
Dans une interview à “L’officiel des transporteurs”, en mars 2011, M. Blayau avait toutefois déclaré qu'”en aucune manière” Geodis ne rachèterait Sernam.
Mais “dans un marché très concurrentiel, aux marges très réduites, la concentration est inévitable”, a déclaré à l’AFP une source proche du dossier. “Il semble toutefois que l’intérêt de Geodis pour Sernam réponde plutôt à un souhait du gouvernement qui, dans une période stratégique, tient à sauvegarder des emplois non délocalisables”, analyse la même source.