En dépit de l’ouverture du marché libyen à la concurrence internationale, et son corollaire immédiat, la réduction des chances des chétives PME tunisiennes de remporter de contrats significatifs en Libye, des think tank tunisiens et libyens, conscients de la communauté du destin, continuent à croire qu’ils peuvent faire beaucoup de choses ensemble.
C’est dans cet esprit que le Forum Nour a organisé, le week-end dernier en collaboration avec l’Association nationale libyenne, une conférence tuniso–libyenne sur le thème: «Quel nouveau modèle de partenariat?».
Les participants ont entamé leurs travaux par un constat d’échec. Celui de la stratégie suivie, antérieurement, pour développer les échanges économiques, et ce en dépit de la disponibilité de quelque 80 accords bilatéraux encore inapplicables dont celui portant création d’une zone de libre-échange. Ces échanges, pour l’essentiel des transactions commerciales, sont estimés en valeur, annuellement, à 2 milliards de dollars, soit 1% environ de croissance pour la Tunisie.
C’est sur la base de la périssabilité de ces échanges que les participants à cette conférence ont beaucoup travaillé. Ils ont proposé des pistes structurantes devant favoriser un partenariat pérenne et une intégration progressive des économies des deux pays.
A retenir dans ce contexte deux propositions, celle du Tunisien Saïd Aïdi, ex-ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi qui a suggéré la création «d’un espace économique, voire d’un marché unique devant favoriser l’interdépendance et l’immunisation des économies des deux pays», et celle du Libyen Ahmed Jehani, conseiller auprès de Mustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition libyen (CNT) et ex-négociateur à la Banque mondiale pour la Libye, qui a plaidé «pour une politique économique future commune».
En accompagnement de ces projets d’intégration et de complémentarité économique, les participants ont recommandé plusieurs actions.
Il s’agit, entre autres, d’instituer entre les deux pays les libertés de déplacement, de séjour, de travail et de propriété, de mettre au point un code d’incitations aux investissement mixtes, de garantir les placements dans les deux pays, d’investir dans des créneaux stratégiques communs (éducation, technologie, développement durable, santé, sécurité, énergie…).
Autres propositions et non des moindres. Les participants ont recommandé la simplification des procédures administratives (abrogation des autorisations exigées par les services douaniers, réexamen du double certificat de conformité des produits…), l’accélération de la convertibilité des deux monnaies nationales, l’élimination des contraintes financières et une plus grande coopération, à cet effet, entre les Banques centrales tunisienne et libyenne.
Les participants ont, néanmoins, relevé que la concrétisation de toutes ces recommandations demeure tributaire de la mise en place de réglementations claires et applicables à tous, de la stabilité politique et de l’acceptabilité des pouvoirs en place par les communautés des deux pays. Tout un programme!