édicaments (Photo : Jean-Pierre Muller) |
[31/01/2012 15:40:11] PARIS (AFP) L’industrie pharmaceutique aborde avec prudence une année 2012 qui devrait voir le marché français du médicament reculer de 1 à 2%, mais un an après la crise du Mediator, elle entend revendiquer son rôle d’industrie de haute technologie notamment dans le débat présidentiel.
“2012 ne s’annonce pas sous les meilleures auspices, les nuages continuent à s’accumuler”, a prévenu Christian Lajoux, le président du Leem, la fédération des industriels de la pharmacie, mardi lors de ses voeux à la presse.
M. Lajoux a cité la crise financière, la restructuration des entreprises du secteur, la baisse des prix et des remboursements et les modalités d’application de la loi sur la sécurité du médicament.
Les entreprises du médicament vont “face aux défis de 2012 alors que de nombreux clignotants s’allument et continent à s’allumer”, a-t-il dit.
Sur le plan économique, le secteur s’attend cette année à une baisse de 1 à 2% du marché du médicament, venant après plusieurs années de stagnation, à laquelle s’ajoutera une addition fiscale supplémeentaire à hauteur de 1% de chiffre d’affaires, selon le Leem.
Autre source de préoccupation, l’emploi, qui “clignote fortement” avec “depuis deux ans, une baisse d’effectifs de l’ordre de 2.000 à 2.500 emplois par an”, et en 2011, 28 plans de sauvegarde de l’emploi ouverts concernant plus de 2.700 postes.
La balance commerciale du secteur souffre aussi avec un excédent réduit à 5 milliards d’euros en 2011, contre 7 à 8 milliards auparavant.
“Les industriels du médicament (…) ne pourront pas indéfiniment se satisfaire d’une croissance négative alors que les coûts structurels augmentent au minimum de 2 à 3% par an”, a averti le président de la fédération.
Mesures “inéquitables et opportuniste
M. Lajoux a une nouvelle fois stigmatisé les mesures “inéquitables et opportunistes” en 2011 qui ont amené un milliard d’euros de baisse des prix de médicaments et un milliard de taxes. “C’est faire les poches de l’industrie du médicament. Ce ne sont pas des mesures structurantes”, a-t-il lancé.
“Nos voeux s’inscrivent dans la morosité et dans un climat de prudence d’un secteur qui a été malmené et ignoré dans sa dimension d’industrie de haute technologie”, a-t-il résumé.
Pour Christian Lajoux, “on ne tournera pas de sitôt la page du Mediator”, mais le président du Leem assure que “le temps est venu du rétablissement du dialogue et de la reconstruction” après une année 2011 “de stigmatisation et de maccarthysme”.
L’industrie du médicament veut en voir une preuve dans la récente réunion du Comité stratégique des industries de santé (CSIS).
“Nous souhaitons être reconnus dans notre rôle d’industriels de haute technologie”, a affirmé M. Lajoux. “La valeur que nous apportons n’est pas la seule valeur du progrès thérapeutique”, a-t-il dit. “C’est celle de l’économie du médicament sur les autres postes de santé (…) et d’un levier de croissance créateur d’emplois dans une période de crise”.
A trois mois de l’élection présidentielle, les industriels du médicament veulent donc faire entendre leur voix et vont interpeller les candidats à travers une lettre ouverte qui sera diffusée dans les prochains jours.
Une lettre ouverte sera diffusée prochainement et une série de débats sont prévus en région, suivis d’une réunion de synthèse à Paris le 21 mars.
“Oui ou non, les industries du médicament et de de santé sont-elles un facteur de croissance scientifique et de croissance économique?”, a demandé M. Lajoux.
Interrogé sur une proposition de François Hollande qui veut “favoriser” une baisse du prix du médicament, le président du Leem a estimé qu’une baisse serait “une très mauvaise mesure”. Mais la majorité actuelle “n’a pas promis” qu’elle ne baisserait pas, a-t-il observé en réponse une autre question.