Presse, Justice, Police, trois piliers de la République attaqués… est-ce un hasard?

Du jamais vu, depuis l’avènement de la République, un certain 25 juillet 1957
avec ces trois devises “liberté, ordre et justice“, des
journalistes, des juges
et des policiers ont été agressés lâchement, de manière humiliante et
scandaleuse, soit physiquement soit verbalement par des hordes de marginaux hors
la loi: des salafistes, des manifestants indignés et des bandits notoires, et ce
avec une certaine tolérance du pouvoir en place.


Zoom sur le profil des agresseurs et les conséquences prévisibles de tels actes.

Au regard des images vidéo, ces agresseurs peuvent être, pour l’agression
perpétrée contre le journaliste Zyad Krichen devant le palais de la justice, à
Tunis, des salafistes portant une longue barbe, une calotte et un qamîs
(djellaba).

Pour le cas de l’agression perpétrée contre les juges de Jendouba (nord-ouest de
Tunisie), elle est d’ordre verbal. De nombreux manifestants indignés et en
colère ont proféré des insultes à l’endroit des juges de la ville, les accusant
de tolérance vis-à vis du crime, de la violence et de l’impunité.

Quant à l’agression des policiers de Regueb (gouvernorat de Sfax), les policiers
victimes hospitalisés ont parlé de personnes saoules déterminées à leur faire
subir les pires exactions.

Ces agressions, par delà leur lâcheté, ont une valeur hautement symbolique.
Elles ne sont pas perpétrées contre des personnes quelconques. Les journalistes,
juges et policiers violentés évoluent dans des corps professionnels déterminants
et pour la survie de la jeune démocratie et pour la pérennité de la république.

Il s’agit de commis d’Etat républicains qui, en dépit des services éminents
qu’ils rendent en temps réel au pays, se voient humiliés dans leur chair et âme
devant leurs familles et amis, par de vulgaires parasites qui se sont donné
juste la peine de naître. Car, ces excroissances humaines nuisibles à la société
profitent de tous les progrès (transport, nouvelles technologies…) mais n’y ont
jamais contribué. Elles prennent et ne donnent rien. Elles ne peuvent vivre que
dans le désordre.

La grande frustration réside, néanmoins, dans la tolérance observée à l’endroit
de ces parasites qui continuent à circuler librement et à faire la pluie et le
beau temps dans l’impunité la plus totale, semant panique et désordre.

Tout donne à croire que la Troïka, soucieuse de réaliser de bons scores, lors
des prochaines échéances électorales, ne cherche pas à heurter ce filon
électoral évoluant à la périphérie de sa base et traîne du pied avant de se
montrer ferme vis-à-vis de ses essaims d’agresseurs. Elle donne aussi
l’impression qu’elle trouve son compte en ce sens où une presse libre, une
justice indépendante et une police professionnelle vont à l’encontre de ses
projets «salafistes» et «populistes». D’ailleurs la concomitance des agressions
contre ces trois corps professionnels ne serait pas le fruit du hasard ?

Une telle thèse n’engage pas, toutefois, toute la troïka qui, heureusement,
compte dans ses rangs de véritables hommes d’Etat pour qui, la poursuite de tels
dérapages risquent de déstructurer le pays et de déstabiliser l’Etat dont la
préservation devance de loin toutes les autres priorités telles que la
sauvegarde de la révolution, le mode de régime politique à suivre et la survie
des partis.

C’est le cas du ministre de l’Intérieur, issu du parti Ennahdha, Ali Laarayedh.
Dans une interview accordée à la chaîne de télévision Hannibal, il est sorti de
sa réserve habituelle pour mettre en garde contre les effets pervers de la
prolifération de ces dérapages, plaidé pour une application stricte de la loi et
défendu, sans ambages, le drapeau nationale et l’Etat tunisien à l’édification
duquel des générations ont contribué des siècles durant.

La réaction de la société civile et des corps professionnels ciblés par ces
agressions dignes de communautés barbares a été à la hauteur de l’évènement et a
montré l’impossibilité de tout retour à la dictature.

Dans cette optique s’inscrivent, admirablement, la manifestation géante contre
la violence et pour la liberté (samedi 28 janvier 2012), le sit-in des
journalistes (1er février 2012) et les nombreux communiqués de condamnation de
ces actes par l’Association des magistrats tunisiens. Moralité : on ne peut que
s’en réjouir. La République se défend bien.