ée du groupe NYSE Euronext en France, le4 avril 2007 à Paris. (Photo : Eric Piermont) |
[01/02/2012 09:16:58] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne devrait, sauf surprise, opposer mercredi son veto à la fusion entre NYSE Euronext et Deutsche Börse et empêcher ainsi la création du premier opérateur boursier au monde, dont elle craint qu’il ne dispose d’un monopole sur le marché des dérivés.
Il reste “une lueur d’espoir”, a déclaré le directeur général de NYSE Euronext, Duncan Niederauer, la semaine dernière dans un entretien au Financial Times, tout en reconnaissant avoir “mal jugé” l’approche de l’autorité européenne de la concurrence.
Dans une note de marché récente, l’analyste Philipp Hässler, d’Equinet, estime qu'”un accord à la fusion serait une grosse surprise” et s’attend “à ce que la Commission européenne le bloque”.
Si cette fusion avait lieu, le holding serait détenu à 60% par les actionnaires de Deutsche Börse et à 40% par ceux de NYSE Euronext, qui gère les places de New York, Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne. Le mariage entraînerait des synergies de revenus annuelles de 150 millions d’euros et des économies de 400 millions d’euros par an dès 2012.
évrier 2011 à Francfort (Photo : Daniel Roland) |
Mais la Commission, qui refuse rarement des fusions, –elle ne l’a fait qu’une vingtaine de fois ces 20 dernières années– s’inquiète de la puissance du futur groupe, qui dominerait environ 90% du marché des produits dérivés en Europe et aurait un monopole sur les activités de compensation, c’est-à-dire la gestion intégrée des titres échangés sur les places boursières.
Après avoir effectué des tests sur les marchés à l’automne, elle n’a pas jugé suffisants les gestes de Deutsche Börse et NYSE Euronext, qui se sont séparés de certaines activités mais ont refusé de sacrifier leurs plateformes respectives de dérivés, Liffe et Eurex.
Sans dire ouvertement dans quel sens irait sa décision, le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, a insisté mi-janvier sur le fait que “la Commission cherchera à s’assurer que les marchés européens restent justes, efficaces et donc concurrentiels dans l’intérêt de leurs utilisateurs”.
Les dirigeants des deux plate-formes financières ont multiplié ces dernières semaines les démarches et les déclarations, affichant jusqu’au bout leur détermination à voir le projet aboutir et expliquant en quoi, à leurs yeux, la Commission européenne aurait tort de s’y opposer.
M. Almunia ” a une définition bien trop étroite du marché, qui donne l’impression que nous sommes en position de monopole. Mais dans la réalité, le marché est bien plus large”, a encore expliqué Dominique Cerutti, directeur général adjoint de NYSE Euronext, dans une interview samedi au quotidien économique belge L’Echo.
NYSE Euronext tente de convaincre depuis des mois les services européens de la concurrence que le marché est mondial, et non européen, et que la majorité des échanges de produits dérivé se fait de gré à gré, c’est-à-dire en-dehors des plateformes boursières.
Si la fusion se fait, “la nouvelle société sera dominée par les Européens. C’est pourquoi nous répétons à la Commission: ne laissez pas passer cette occasion de créer un champion européen qui, en prime, vous donne l’occasion de mieux réguler le marché”, insiste M. Cerutti.
Un argument également mis en avant par le président de l’Autorité française des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet, qui juge cette fusion “importante pour l’Europe continentale”.
Au sein même de la Commission européenne, la fusion serait défendue par le commissaire au Marché intérieur, Michel Barnier, affirmait récemment le Financial Times, même si de manière générale, les commissaires européens votent rarement contre les recommandations de l’équipe de M. Almunia.
En attendant, Deutsche Börse semble prendre son parti d’un probable “non” de Bruxelles et se projette “avec optimisme” en 2012. Le groupe a prouvé ces dernières années qu’il pouvait aussi croître “de manière organique”, a récemment souligné le patron de l’opérateur boursier allemand, Reto Francioni.