Hirai remplace Stringer à la tête de Sony confronté à de nombreux défis

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à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka)

[01/02/2012 11:12:15] TOKYO (AFP) Sony a annoncé la nomination de l’actuel numéro deux, Kazuo Hirai, au poste de PDG à la place de son patron américain Howard Stringer, un changement qui intervient dans une période de défis pour le groupe d’électronique japonais.

Effective en avril, cette promotion attendue d’un Nippon mâtiné de culture américaine s’est faite sur proposition de M. Stringer.

L’actuel PDG américain, qui va bientôt fêter ses 70 ans, a fait savoir à plusieurs reprises que M. Hirai était son poulain.

Ce cadet ambitieux, entré en 1984 dans la filiale de musique de Sony et ayant gravi les échelons au sein du groupe, est récompensé pour avoir dynamisé l’activité des jeux vidéo et avoir bien repris en mains celle des produits numériques grand public.

“Depuis trois ans, j’ai commencé à travailler à ma succession. Parmi plusieurs candidats possibles, Kaz Hirai s’est distingué par son travail notamment sur la gamme de consoles de jeux vidéo PlayStation et les services en réseau”, a souligné mercredi M. Stringer, appelant son cadet par son diminutif usuel.

“Je pense que ses compétences vont constituer un avantage pour le groupe et ses clients dans les mois et années à venir”, a ajouté le seul étranger à avoir dirigé Sony, estimant que M. Hirai “est prêt à diriger le groupe et que c’est précisément le moment de passer le relais”.

M. Stringer était arrivé aux commandes de Sony à la mi-2005, avec pour projet de “transformer le groupe”, en mariant mieux ses produits (TV, caméras, appareils photo, consoles, baladeurs, etc.) et ses contenus (films, musiques, jeux) et en modifiant son mode de fonctionnement, quitte à sacrifier des milliers d’emplois et fermer nombre d’usines par souci de rentabilité.

Alors que son plan était en bonne voie et que Sony affichait des résultats records en 2007-2008, artificiellement aidé par la faiblesse du yen à ce moment, la crise financière internationale de 2008-2009 a totalement renversé la donne, porté un coup sévère aux structures du géant, forcé alors de redoubler d’efforts.

Depuis, les mesures prises pour diminuer les coûts ont quelques effets, mais ils sont en partie gommés par l’ascension continue de la monnaie japonaise, phénomène auquel Sony est d’autant plus sensible que le groupe réalise 80% de son chiffre d’affaires hors du Japon.

Outre la flambée handicapante du yen, Sony est aussi confronté depuis quelques années à l’arrivée impromptue d’acteurs venus d’autres horizons, comme le groupe américain Apple, et qui chamboulent tout avec des produits révolutionnaires (baladeur iPod, mobile iPhone) et des modèles économiques plus souples que celui d’un Goliath lesté de lourdeurs structurelles historiques.

Sony est aussi victime d’une féroce concurrence sud-coréenne (Samsung Electronics, LG Electronics) et d’une compétitivité mise à mal par la cherté du yen. Sa gamme a besoin d’un coup de jeune pour continuer d’être appréciée dans les pays riches tout en étant adaptée à la clientèle de nations émergentes.

M. Hirai, tribun à l’aise aussi bien en anglais qu’en japonais grâce à son expérience au Japon et aux Etats-Unis, est présenté comme un meneur d’hommes bien inspiré au fait de ce dilemme.

“Le chemin que nous devons prendre est clair: faire croître notre activité centrale de l’électronique, à commencer par ce qui a trait à l’image numérique, aux télécommunications mobiles et aux jeux”, résume le successeur.

Kazuo Hirai, dont le style et la verve tranchent avec ceux de la plupart des PDG de grands groupes nippons, va devoir prendre des dispositions rapides pour que Sony soit moins à la merci des brusques changements conjoncturels.

A cette aune, l’absence de rentabilité depuis bientôt huit ans de l’activité pilier des téléviseurs, sur laquelle Sony a pourtant bâti sa réputation il y a des décennies, est un des plus gros cailloux dans la chaussure de M. Hirai.

Il s’y est déjà attaqué depuis sa nomination comme bras droit de M. Stringer, mais il va désormais assumer la pleine responsabilité du redressement de ce domaine-symbole en proie à une chute vertigineuse des prix en rayon.