ésident de la Commission européenne Jose Manuel Barroso le 30 janvier 2012 à Bruxelles (Photo : Eric Feferberg) |
[01/02/2012 12:39:29] LISBONNE (AFP) Le Portugal, sous assistance de l’UE et du FMI, a réussi mercredi un test sur sa capacité de financement à court terme, obtenant ainsi un répit alors que les craintes que le pays soit contraint de recourir à une nouvelle aide persistent.
Le Portugal a levé 1,5 milliard d’euros de dette à 3 et 6 mois -la totalité du montant prévu-, à des taux d’intérêt en baisse par rapport à la précédente émission.
“Cette émission est une bonne nouvelle pour l’Etat”, a estimé Filipe Silva, analyste de la banque Carregosa, dans une note envoyée à l’AFP.
Lors de la précédente émission également réussie le Portugal avait placé 2,5 milliards d’euros en bons du trésor à trois, six et onze mois, à des taux également en baisse.
L’émission de bons à onze mois, la première depuis avril 2011, avait mis du baume au coeur des autorités. Elle était en effet intervenue après une décision de l’agence de notation Standard and Poor’s de ramener la note du Portugal au rang des investissements spéculatifs comme l’avaient fait auparavant ses consoeurs Moody’s et Fitch.
Mais la sanction de Standard and Poor’s a eu un effet dévastateur. Provoquant une hausse record des taux d’intérêts à long terme, elle a alimenté la crainte des investisseurs que le pays ne puisse, comme prévu, revenir sur les marchés en 2013 et soit contraint de demander une aide supplémentaire voire une restructuration de sa dette.
éenne à Bruxelles, le 30 janvier 2012. (Photo : Georges Gobet) |
Face à cette situation le gouvernement de centre-droit s’est efforcé de garder son calme, alors que la “troïka” des créanciers du Portugal (UE, FMI, BCE) doit procéder courant février à une troisième évaluation des mesures mises en oeuvre pour assainir la situation financière du pays.
Le gouvernement a réaffirmé qu’il respecterait ses engagements de réformes et de rigueur pris en échange de l’aide exceptionnelle de 78 milliards d’euros que le FMI et l’UE lui ont accordée en mai dernier, après des soutiens semblables à la Grèce et à l’Irlande.
Voulant se démarquer de la Grèce, le gouvernement du Premier ministre Pedro Passos Coelho met un point d’honneur à respecter son programme de rigueur caractérisé par des mesures d’austérité sans précédent : réductions de salaires, hausses d’impôts et, plus récemment, une profonde réforme destinée à accroître la compétitivité du travail.
“Celui qui veut accomplir ce qui a été accordé ne commence pas par dire qu’il veut tout renégocier, qu’il veut plus de temps, qu’il veut plus d’argent”, a déclaré avec force le chef du gouvernement en ajoutant : “Nous allons réaliser ce qui est devant nous, coûte que coûte. Et ça coûte, ça coûte beaucoup, mais nous allons le faire”.
“Le Portugal est dans une situation très différente de celle de la Grèce”, estime de son côté Cristina Casalinho, économiste de la banque BPI. “Le déficit portugais se réduit plus rapidement, les fuites de capitaux qui ont caractérisé la Grèce et l’Irlande n’ont pas affecté le Portugal, la population accepte les réformes en cours”, résume-t-elle.
Même s’il est vrai que le Portugal n’a pas connu de débordements sociaux tels que ceux qui se sont produit en Grèce, un éventuel regain du mécontentement préoccupe les autorités alors que l’économie doit se contracter de 3% du PIB l’année prochaine et que le chômage a atteint 13,6% et dépasse 30% pour les jeunes.
Une grève de 24 heures est prévue jeudi dans les transports contre les projets de restructuration du secteur, tandis que le principal syndicat portugais, la CGTP, a appelé à une manifestation nationale contre les mesures d’austérité le 11 février.