Facebook a Google en ligne de mire

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érence de presse avec le PDG de Google Eric Schmidt (G) et le PDG de Rakuten (C), Hiroshi Mikitani à Deaville le 26 mai 2011 (Photo : Thomas Coex)

[02/02/2012 16:27:59] NEW YORK (AFP) Le géant des réseaux sociaux Facebook a clairement indiqué qu’il avait Google en ligne de mire, et les quelques années qui viennent s’annoncent déterminantes pour couronner le roi d’internet.

Dans son dossier d’entrée en Bourse déposé mercredi, Facebook cite clairement Google comme son principal concurrent, même s’il mentionne aussi, presque en passant, le géant des logiciels Microsoft et le site de microblogs Twitter, ainsi que des sociétés “plus petites” qu’il ne nomme pas.

“Certains concurrents, comme Google, pourraient utiliser leur position forte ou dominante dans un ou plusieurs marchés pour exploiter un avantage concurrentiel contre nous”, s’inquiète Facebook dans la liste des “risques” pesant sur son activité.

Est particulièrement cité Google+, le modèle maison d’internet social ouvert au public en septembre qui compte déjà 90 millions d’utilisateurs, et l’intégration de ce type de service dans “les moteurs de recherche, navigateurs ou système d’exploitation pour appareils portables”.

Google, né six ans plus tôt que Facebook, est bien le seul groupe actuellement qui ait un site de réseau social, un navigateur avec Chrome et un système d’exploitation avec Android, déjà dominant sur les téléphones portables, et en progression sur les tablettes.

Pour Michael Gartenberg, analyste au cabinet spécialisé Gartner, “il y a assurément des lignes de bataille qui sont en train d’être tracées”, car “Google ne va sûrement pas rester passif et permettre à Facebook de devenir le centre de gravité d’internet”.

Virginie Lazès, analyste à la banque d’affaires Bryan Garnier, note que tout l’argument en faveur d’un investissement dans les parts de Facebook, c’est son “potentiel éventuel de détrôner Google dans 2-3 ans”, en termes de domination d’internet.

“Facebook sera valorisé sur son potentiel à être le nouveau Google, et donc à avoir ce chiffre d’affaires et cette profitabilité à la Google dans deux ou trois ans, et toute la clé dans les 2-3 prochaines années c’est de réussir à monétiser de plus en plus une audience qui n’est pas encore monétisée à son optimum” par la société de Mark Zuckerberg, ajoute-t-elle.

“La bataille, c’est sur la façon dont les gens font des découvertes sur le net: de plus en plus, c’est lié au ‘graphe social’ (ndlr: au réseau constitué en ligne), plutôt qu’à un (moteur de) recherche”, explique Lou Kerner, analyste spécialiste des “médias sociaux” chez SecondShares.com. C’est la bataille de la navigation par affinités contre les algorithmes.

Actuellement, les analystes évoquent une valorisation de 75 à 100 milliards de dollars pour Facebook, soit environ la moitié de celle de Google. Pourtant le chiffre d’affaires annuel du nouveau venu est dix fois plus faible (3,71 milliards de dollars contre 37,91 mds), et le bénéfice net plus modeste encore (668 millions de dollars contre 9,744).

En termes d’audience, cependant, l’écart se réduit de plus en plus: 794 millions de visiteurs uniques pour Facebook contre 1,09 milliard pour Google, selon les chiffres les plus récents du cabinet ComScore – mais 299 millions de minutes de consultation pour Facebook, contre seulement 226 millions pour Google.

Lou Kerner, analyste spécialiste des “médias sociaux” chez SecondShares.com remarque en outre que certains sites de vente en ligne, comme Fab.Com, obtiennent déjà plus de trafic venu de Facebook que de Google.

Mais l’avènement du nouveau roi n’est pas pour tout de suite, remarque aussi M. Kerner: “la recherche rapporte encore beaucoup plus (de recettes publicitaires) que les encarts illustrés”, et puis “la monétisation de l’internet mobile est toujours difficile”, or sur les 845 millions d’utilisateurs revendiqués par Facebook, 425 millions sont des mobinautes.

“On s’est habitués à avoir des rois successifs d’internet”, note M. Kerner, évoquant en particulier le portail Yahoo!, puis le moteur de recherches Google. “Maintenant, on entre dans une période où il y a deux rois du net”.