éroport Frantz Listz de Budapest (Photo : Attila Kisbenedek) |
[03/02/2012 18:35:08] PARIS (AFP) Comme la compagnie aérienne hongroise Malev, qui a cessé d’opérer vendredi, quatre jours après l’espagnole Spanair, d’autres compagnies européennes risquent de succomber aux prix élevés du carburant sur un marché de plus en plus concurrentiel, prévoient les analystes.
Les gouvernements n’étant plus prêts à les maintenir en vie artificiellement, des compagnies plus solides vont les absorber ou se partager leurs dépouilles.
“Si on n’a pas une détente très forte du prix des carburants, on va continuer à voir ce genre de mouvements: des arrêts, des faillites”, a commenté Yann Derocles, analyste chez Oddo Securities.
L’assureur-crédit Euler Hermes a également prévu de nouvelles consolidations dans le transport aérien en Europe, “épicentre du ralentissement économique mondial”. Ses analystes placent la compagnie Lot en Pologne, CSA en République tchèque ou TAP la portugaise sur la liste des transporteurs menacés.
L’arrêt des opérations de Malev, après 66 ans d’activité, est la conséquence immédiate d’une décision de la Commission européenne qui a exigé qu’elle rembourse au gouvernement hongrois des aides jugées illégales.
Mais comme les autres compagnies aériennes, elle souffrait de la hausse du prix du kérosène. Le carburant d’avion, en hausse de 15% depuis un an, se rapproche des pics historiques atteints en 2008, note Yann Derocles.
Pour 2012, l’Association internationale du transport aérien (Iata) prévoit que l’aviation commerciale supportera 32 milliards de dollars de coûts supplémentaires.
Mais la consolidation du secteur aggrave les difficultés des petites compagnies, ajoute M. Derocles.
Elles doivent se partager 15% des capacités sur les liaisons intra-européennes, le reste étant accaparé par les compagnies à bas coût comme Ryanair et EasyJet, et les trois grandes alliances One World (autour de British Airways), SkyTeam (Air France-KLM) et Star Alliance (Lufthansa).
Sur ces 15%, il est difficile de résister aux low-cost agressives et aux alliances qui peuvent supporter des pertes sur les liaisons européennes grâce à leurs vols long courrier.
Enfin, “phénomène totalement récent dans cette industrie, il y a une pression sur les budgets des Etats qui, pour une fois, sont un peu plus réticents à subventionner leurs compagnies”, souligne Yan Derocles.
Ainsi la Serbie ne veut plus financer la compagnie nationale JAT et cherche depuis des années à la privatiser. Spanair, qui croule sous 300 millions d’euros de dettes, a déposé le bilan lundi. La région de Catalogne avait renoncé à la soutenir en raison de la crise.
La consolidation va s’accélérer.
Oddo Securities prévoit qu'”en moins d’une semaine, la moitié des routes que Malev était seule à desservir seront reprises par d’autres compagnies”. Quant aux actifs de Malev, ils pourraient être repris par d’autres opérateurs comme la compagnie low-cost Wizz Air ou ses rivaux Ryanair et EasyJet.
La compagnie polonaise Lot intéresse Turkish Airlines et Lufthansa. IAG, maison mère de British Airways et Iberia, vise la portugaise Tap. La petite compagnie tchèque CSA est plus mal lotie: elle ne suscite guère de convoitises.
Depuis qu’Etihad, compagnie de l’émirat pétrolier d’Abou Dhabi est entrée au capital d’Air Berlin en décembre dernier, les compagnies du Golfe font figure de chevalier blanc. Spanair avait d’ailleurs cru trouver son salut dans Qatar Airways.
Mais la réglementation européenne qui interdit aux actionnaires non-européens de prendre plus de 50% du capital des transporteurs européens leur complique la donne, souligne M. Derocles.