Le trafic aérien risque d’être perturbé lundi en raison d’un appel à la grève

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éroport en décembre 2011. (Photo : Miguel Medina)

[05/02/2012 11:44:37] PARIS (AFP) Le trafic aérien risque d’être perturbé à partir de lundi et jusqu’à jeudi en raison d’un appel à la grève pour quatre jours de plusieurs organisations syndicales de personnels du transport aérien, dont le puissant syndicat des pilotes SNPL, qui refusent tout “service minimum”.

“Le mouvement sera très suivi, dire combien c’est toujours très compliqué mais il y aura du monde qui fera grève”, a réaffirmé dimanche à l’AFP le président du SNPL Yves Deshayes, constatant qu’il n’y a eu “aucune évolution sur les discussions”.

Pourtant, la direction d’Air France, compagnie dominante sur le territoire national, indiquait dès vendredi soir qu’elle pourrait assurer “plus de 85%” des vols long courriers et surtout “plus de 80%” des vols court et moyen courriers, c’est-à-dire la France et l’Europe.

“Ils font un pari, je pense que ce pari d’Air France est très optimiste”, a estimé pour sa part Franck Mikula, président du syndicat d’hôtesses et stewards UNAC, affilié à la CFE-CGC, qui se garde néanmoins de toute prévision.

L’ampleur du mouvement dépendra de la mobilisation des pilotes. Philippe Sportès, secrétaire général du syndicat Unsa des hôtesses et stewards, le reconnaît ouvertement. “On compte énormément sur les pilotes”, a-t-il dit.

Mais, outre les personnels naviguants, toutes les autres catégories de l’aérien, agents en escale, ravitailleurs, bagagistes, etc…, ont été également invitées à se mobiliser.

Selon le président du SNPL “de mémoire de syndicaliste, il n’y a jamais eu une telle unité syndicale du monde aérien dans un conflit”.

Le projet du gouvernement, qui passe par une proposition de loi du député UMP des Bouches-du-Rhône Eric Diard, prévoit notamment d’imposer aux grévistes l’obligation de se déclarer individuellement 48 heures à l’avance.

Il prévoit aussi un devoir d’information pour les compagnies avec des prévisions de trafic 24 heures à l’avance.

Ce texte est inspiré de ce qui existe dans les transports terrestres depuis 2007, notamment à la SNCF et la RATP, sociétés publiques, et appelé abusivement “service minimum”, car il n’y a pas de réquisition de personnels. Il s’agit plutôt d’un service optimisé grâce à une organisation en amont des moyens humains disponibles.

Dans le domaine de l’aérien en France, il n’y a plus que des compagnies privées qui n’ont aucun monopole, ni obligation de service public, à l’exception de quelques dessertes (Corse, Dom-Tom).

Pour les syndicats ce projet va de facto remettre en cause le droit de grève.

“Il faudra se déclarer, il y aura des pressions hiérarchiques, ce sera inscrit dans le dossier professionnel (…). Très concrètement le salarié (de ces entreprises privées, ndlr) ne pourra plus faire grève”, estime M. Sportès.

La proposition de loi Diard a été adoptée en première lecture le 24 janvier à l’Assemblée.

Le Sénat doit examiner le texte le 15 février, en première lecture. En cas de rejet -probable- se réunira une commission mixte paritaire, avant une dernière lecture par l’Assemblée.

Le mécontentement des personnels de l’aérien sur le texte en préparation, se juxtapose avec les mesures drastiques internes que s’apprête à prendre la direction d’Air France pour retrouver de la rentabilité.

“Vendredi lors d’un comité central d’entreprise ils vont rayer d’un trait de plume 40 années d’accords” a affirmé le président du SNPL.

“Air France ne traite pas mal ses salariés mais notre modèle est à bout de souffle”, déclare dans le Journal du Dimanche le nouveau président de la compagnie, Alexandre de Juniac.