Grèce : Réunion de crise des partis autour des mesures d’austérité

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à Bruxelles, le 30 janvier 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[05/02/2012 15:11:00] ATHENES (AFP) Les chefs des trois partis gouvernementaux grecs étaient reçus dimanche chez le Premier ministre Lucas Papademos qui leur demande de s’engager publiquement à appliquer les impopulaires réformes exigées par les créanciers du pays en échange d’une deuxième aide.

Georges Papandreou, Antonis Samaras et Georges Karatzaferis — respectivement leaders du parti socialiste, de la Nouvelle Démocratie (droite) et du Laos (extrême-droite) représentés au sein du gouvernement de coalition grec — sont arrivés en milieu d’après-midi au palais Maximou, où se trouvent les bureaux du Premier ministre.

Il sont sommés de surmonter leurs objections aux nouvelles mesures d’austérité demandées par les créanciers, même si celles-ci n’ont abouti jusqu’à présent qu’à accentuer la récession du pays.

Les représentants de la troïka des créanciers institutionnels du pays (zone euro, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) ont auparavant rencontré le Premier ministre, le ministre des Finances ainsi que le ministre du Travail.

Le gouvernement grec négocie depuis des semaines sur l’établissement d’un programme d’ajustement structurel du pays en échange d’un deuxième prêt d’au moins 130 milliards d’euros, qui s’ajouterait à celui de 110 milliards accordé en mai 2010 au pays pour lui éviter la banqueroute.

100 milliards d’euros de dette

Les négociations qualifiées de “surhumaines” dimanche par un haut responsable gouvernemental, visent à éviter à la Grèce un défaut de paiement dès le mois de mars.

Une négociation parallèle -tout aussi cruciale- du gouvernement avec ses créanciers privés visant à effacer 100 milliards d’euros de dette, est tributaire de la négociation avec les créanciers publics.

Parmi les points durs, refusés aussi bien par les responsables syndicaux grecs que par la plupart des responsables politiques, figurent les demandes de la troïka d’abaissement généralisé du coût du travail.

“J’arrive avec l’espoir que je n’aurai pas à répéter ce qu’a dit récemment l’ancien chancelier allemand (Helmut) Schmidt” a déclaré Georges Karatzaferis à la presse en arrivant chez le Premier ministre, après avoir prévenu qu’il ne se sentait pas prêt à céder aux pressions de Berlin ni à un “chantage”.

En décembre, Helmut Schmidt s’était inquiété de la manière dont Berlin traitait les autres pays et partenaires européens dans la gestion de la crise de la dette, où l’Allemagne impose ses solutions à ses voisins.

Samedi soir, le ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos a indiqué que les négociations “sur le fil du rasoir” devaient se conclure dimanche soir pour que la Grèce évite un défaut de paiement en mars

“Privatisations”

Le chef de file de l’Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a lui aussi fait pression en évoquant samedi soir le risque d’une “faillite” de la Grèce en mars si les réformes exigées n’étaient pas menées à bien.

“Si nous devions constater que tout va à vau-l’eau en Grèce, alors il n’y aurait pas de nouveau programme” de refinancement du pays, a déclaré le chef de gouvernement du Luxembourg.

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é de journalistes, le 4 février 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

“Cela signifierait une faillite en mars”, a-t-il ajouté.

“La Grèce doit savoir que nous ne reculerons pas sur le thème des privatisations”, a-t-il poursuivi, regrettant pas ailleurs qu’il y ait “des éléments de corruption à toutes les échelles de l’administration” grecque.

Les opposants aux réductions salariales font valoir qu’elles vont exacerber la récession en Grèce, où l’économie est étouffée par une récession qui prend des airs de dépression, avec un PIB attendu en chute de quelque 6% en 2011 après deux ans d’austérité.

Selon une étude du gouvernement rendue publique la semaine dernière, le coût unitaire du travail en Grèce a déjà chuté de 14,3% entre le premier trimestre 2010 et le troisième trimestre 2011.

Mais selon le chef de mission du FMI en Grèce Poul Thomsen, des mesures de compression salariale dans le secteur privé vont relancer l’économie via un gain de compétitivité.

M. Thomsen a notamment plaidé pour une réduction du salaire minimum, chiffon rouge pour les syndicats, affirmant qu’à 751 euros brut par mois il était supérieur de 35% à celui du Portugal, et de 20% qu’en Espagne.

Reforme fiscale

Devant l’opposition des partis aux demandes de la troïka, le Premier ministre Lucas Papademos aurait menacé de démissionner, selon des rumeurs de presse, non confirmées par son porte-parole.

Les demandes de la troïka portent aussi sur la poursuite des réductions d’effectifs dans le secteur public, la mise en place d’une grande réforme fiscale et d’une réforme de la justice notamment.

La Commissaire européenne à la pêche Maria Damanaki, de nationalité grecque, a déclaré à l’hebdomadaire To Vima que le pays était sur une “voie désastreuse”.

“Pendant deux ans nous avons promis des changements que nous avons échoué à réaliser” a-t-elle dit.

“Nous parlons beaucoup et faisons peu. Nous acceptons des calendriers que nous ne tenons pas. Nous avons ainsi créé l’image d’un état systématiquement pas fiable” a-t-elle dit.