Réseaux sociaux : tout débrancher pour éviter “l’overdose”

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Logo de Facebook (Photo : Leon Neal)

[05/02/2012 22:25:36] PARIS (AFP) Blogueur en vue, spécialiste d’informatique, féru de nouvelles technologies et “twitto” compulsif, Thierry Crouzet a tout débranché pendant six mois après avoir fait une “overdose” de réseaux sociaux et d’internet.

“J’ai pratiqué un sevrage radical que peu de personnes actives peuvent s’autoriser”, explique-t-il à l’AFP. Plus de mail, plus de tweet, plus de smartphone après un épisode aux urgences pour une crise d’angoisse, causée par un surmenage technologique.

“J’ai explosé en vol, j’ai décidé de me sevrer et de décrire cette expérience”, explique cet écrivain-blogueur de 48 ans. Résultat : un livre de 300 pages (“J’ai débranché – Comment revivre sans internet après une overdose” chez Fayard).

L’expérience n’est pas unique. Elle semble même se multiplier, selon plusieurs témoignages recueillis sur le web. “Thierry Crouzet a débranché six mois, j’ai testé… une petite semaine”, indique Valérie Demont, blogueuse suisse spécialiste de marketing et réseaux sociaux.

Les conséquences de cette “semaine sans” : “plus de temps” pour la famille mais aussi “moins de veille” technologique et le “sentiment d’être passée à côté de quelque chose d’essentiel”, indique-t-elle sur son blog.

Autre expérience, anonyme celle-là, tirée de la page “comment sortir de la Facebook addiction” : “J’ai testé : la désactivation du compte Facebook pendant 72h… Très dur mais la satisfaction est telle lorsque l’on y est parvenu (…) que l’on est obligé de réactiver son compte pour le dire à tous ses amis”.

Peut-on parler d’addiction pour internet et les réseaux sociaux ? Pour Thierry Crouzet, le parallèle avec les dépendances classiques saute aux yeux.

“Sur les réseaux sociaux, je cherchais toujours à augmenter la dose pour accroître mon plaisir. Quand je publiais un message qui n’engendrait pas de réaction, j’étais frustré. Il me fallait toujours plus de réactions de lecteurs”, confie-t-il.

Mais pour le psychiatre et spécialiste des addictions Michel Lejoyeux, “dès qu’on parle d’addiction en dehors d’une relation à une substance chimique, on est dans une métaphore de l’addiction plus que dans une vraie addiction”.

Des parallèles peuvent être faits toutefois en terme de comportements. “Facebook est en train de detruir (sic) mon couple. Madame ne voit plus que par ça, au détriment de sa famille”, témoigne anonymement Yoxi sur la page “comment sortir de la Facebook addiction”.

Mais le parallèle entre “cyberaddictions” et “drogues dures” ne fonctionne plus lorsqu’on parle de sevrage.

“C’est là où la différence est majeure. Dans un cas on doit compenser le manque de tabac ou d’alcool, dans l’autre le sevrage est uniquement psychologique”, explique le Pr Lejoyeux.

“Quand j’ai débranché, le Net ne m’a pas manqué. Après quelques jours, je n’avais plus aucune envie d’y aller”, témoigne de son côté Thierry Crouzet.

Dans son servive d’addictologie, le conseil du Pr Lejoyeux aux accros désocialisés de l’internet est de “réinvestir des activités très concrètes, comme des activités physiques ou artistiques”.

Le tuyau de Thierry Crouzet: se ménager des plages “hors du numérique”.

“Par exemple, s’interdire le numérique et les médias en général lors des repas. Marcher tous les jours en étant seul avec soi même”.