France : “coup de froid” sur les crédits immobiliers accordés en janvier

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à Toulouse (sud-ouest) en France (Photo : Eric Cabanis)

[06/02/2012 17:40:55] PARIS (AFP) Le montant des crédits immobiliers accordés a enregistré un “coup de froid” en janvier, avec une baisse de 25,7%, à cause principalement de la diminution des avantages fiscaux pour les investisseurs achetant des logements neufs et la suppression du prêt à taux zéro (PTZ) pour les acquéreurs d’habitations anciennes.

Les taux d’intérêt qui poursuivent leur remontée et les conditions d’octroi par les banques qui se sont durcies jouent également un rôle dans cette moindre appétence pour les crédits, malgré une stabilisation des prix.

Une étude de l’Observatoire Crédit Logement/CSA publiée lundi montre que le montant des crédits immobiliers accordés par les banques a enregistré un très fort recul en janvier, avec une baisse de 25,7% par rapport au mois correspondant de 2011.

“L’année 2012 ne commence pas très bien. Dans un contexte économique morose, le contrecoup du mouvement d’anticipation de la fin 2011 est sensible”, relève l’étude de l’organe central de garantie des prêts pour le logement.

D’un mois à l’autre, l’effondrement est en effet brutal: -49,4% entre décembre 2011 et janvier 2012 (après déjà une chute de 34,1% entre décembre 2010 et janvier 2011). Les deux principaux marchés sont également touchés: -56,5% pour le neuf, -50,6% pour l’ancien, celui des travaux étant un peu moins affecté.

“C’est un coup de massue. La chute est comparable à 2009, au moment de la crise des +subprimes+ américains”, souligne pour l’AFP Michel Mouillart, professeur d’économie à l’Université Paris-Ouest et expert du secteur.

Pour M. Mouillart, deux décisions spécifiques au secteur s’ajoutent aux “craintes concernant la montée du chômage, le pouvoir d’achat et le perspectives économiques défavorables”.

“Tout d’abord la forte diminution du taux (de 22% à 13%) de l’avantage fiscal pour les investisseurs achetant un logement neuf et, en plus, la suppression du prêt à taux zéro (PTZ) pour les acquéreurs d’habitations anciennes”, explique M. Mouillart.

Hausse des taux d’intérêt

Pour l’ensemble de l’année 2012, les crédits immobiliers accordés par les banques devraient s’élever à seulement 130 milliards d’euros, soit une baisse de près de 20% par rapport à 2011 (160 milliards), loin du record absolu de 2007 (170,2 milliards), estime M. Mouillart. Ce montant se situerait en dessous du niveau de 2008 (140 milliards), année du début de la crise suite à la découverte de l’affaire des crédits immobiliers américains à risque (“subprimes”), et le ramènerait au niveau de 2004.

Ce renversement de tendance survient après une explosion de ces crédits depuis le début du siècle qui avait contribué à la bonne tenue du marché immobilier en France: 70,8 milliards en 2001, 87,3 en 2003, 143,7 en 2005 et 170,2 en 2007.

Les taux d’intérêt des crédits immobiliers ont continué à monter en janvier 2012 et se sont établis en moyenne à 3,97%, juste sous la “barrière psychologique” des 4%, contre 3,94% en décembre 2011 et 3,86% en novembre, soit un bond de plus de 70 points de base par rapport au plus bas niveau depuis 1945 (3,25% en moyenne) atteint en novembre 2010, selon Crédit Logement.

Un peu moins du tiers des ménages français remboursent des crédits immobiliers, selon une étude de l’Observatoire des crédits aux ménages publiée le 19 janvier. Mais les ménages se montrent désormais très prudents, avec des anticipations de demande de nouveaux prêts (y compris ceux à la consommation) pour 2012 au plus bas, d’après cette étude.