Le pétrolier BP engrange les profits avant un procès américain à haut risque

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éant pétrolier BP à Londres (Photo : Ben Stansall)

[07/02/2012 12:55:26] LONDRES (AFP) Le géant pétrolier britannique BP a renoué de manière spectaculaire avec les profits en 2011, mais seule l’issue du méga-procès qui doit s’ouvrir à la fin du mois aux Etats-Unis lui permettra de solder pour de bon les comptes de la marée noire du golfe du Mexique.

Le groupe a annoncé mardi avoir réalisé un bénéfice net annuel de 23,9 milliards de dollars, du même ordre que celui de ses grands concurrents comme Shell, alors qu’il avait subi en 2010 une perte record de 4,9 milliards de dollars.

La compagnie avait alors dû provisionner à tour de bras pour faire face aux coûts à venir de la gigantesque marée noire provoquée par l’explosion en avril 2010 de la plate-forme Deepwater Horizon, qui avait fait onze morts.

BP et son directeur général Bob Dudley, nommé après la catastrophe, luttent sans relâche pour tourner la page d’un épisode qui a un temps menacé la survie d’une compagnie fondée en 1909.

“BP est sur la bonne voie”, a assuré mardi M. Dudley dans un communiqué, en pointant une série d’éléments effectivement encourageants, comme la montée en flèche du bénéfice au dernier trimestre 2011. Ces bons résultats sont toutefois largement dus aux cours élevés du gaz et du pétrole qui ont profité à l’ensemble du secteur.

La production moyenne du groupe a quant à elle baissé de 5% sur l’année, à 3,49 millions de barils équivalents pétrole par jour (bep/j), toujours affectée par la vente de nombreux actifs qui a permis à BP de provisionner 40 milliards de dollars.

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étrolière Deepwater Horizon en feu au large de la Nouvelle-Orléans, le 21 avril 2010. Photo transmise par les garde-côtes américains.

La moitié a permis d’abonder un fonds d’indemnisation des victimes, dont 7,8 milliards ont déjà été versés.

Le groupe s’est aussi targué de plusieurs avancées significatives avec le règlement à l’amiable de certains autres litiges liés à la catastrophe. Mais il reste en guerre ouverte avec ses deux principaux sous-traitants, la société américaine Halliburton (responsable du coffrage en ciment) et la suisse Transocean (propriétaire de la plateforme).

Ayant à coeur de satisfaire ses actionnaires, le groupe a augmenté de 14% le dividende trimestriel par action, passé à 8 cents. Cela n’a pas suffi à convaincre la Bourse de Londres, où le titre affichait une baisse de 1,5% mardi en fin de matinée, à 482,45 pence.

Car les investisseurs ont désormais les yeux tournés vers le prochain épisode, qui pourrait se solder par une facture supplémentaire de 20 milliards de dollars si BP était convaincu par la justice américaine de “négligence grave” pour ses manquements en matière de sécurité.

Un gros nuage à l’horizon que Peter Hutton, analyste à la Royal Bank of Canada, compare à “un éléphant dans le placard” du bureau de M. Dudley, prêt à débouler au mauvais moment.

Le procès du géant britannique et de ses sous-traitants doit débuter le 27 février à la Nouvelle-Orléans en Louisiane (sud des Etats-Unis). Il doit décider du montant des amendes et des dommages et intérêts que la major devra verser pour compenser les pertes économiques des victimes, les violations du code de l’environnement et les dégradations des ressources naturelles.

Mais la procédure titanesque, qui implique des milliers de plaignants, pourrait prendre des années avant qu’un jugement ne soit rendu.

Selon Martijn Rats, analyste chez Morgan Stanley, BP pourrait finalement préférer conclure un accord avec la justice américaine et lui verser sans attendre 20 à 25 milliards de dollars pour échapper à un procès, qui serait de toute manière désastreux en terme d’image.