Les salaires sont bien partis pour grimper en Allemagne

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évrier 2012 à Francfort (Photo : Frank Rumpenhorst)

[07/02/2012 14:41:28] BERLIN (AFP) Le syndicat IG Metall réclame des hausses de salaires de 6,5%, les fonctionnaires et salariés de la chimie devraient s’aligner: les Allemands veulent leur part du gâteau, alors que l’évolution de leurs salaires est plus que jamais scrutée par leurs partenaires européens.

IG Metall, qui a annoncé sa revendication mardi, représente les employés de la métallurgie. Cette branche, dans laquelle les négociations débuteront mi-mars, rassemble quelque 3,4 millions de salariés, et des secteurs de l’industrie aussi variés et cruciaux pour l’économie du pays que l’automobile ou les machines-outils.

Une hausse conséquente des salaires, dans un secteur qui s’est dans l’ensemble très bien remis de la crise de 2009, “est une nécessité économique, et assurerait aux salariés une participation juste” à la croissance de l’industrie, a argumenté le chef d’IG Metall, Berthold Huber.

L’accord dans la métallurgie sert traditionnellement d’étalon pour les autres branches. Le syndicat Verdi va publier jeudi sa revendication pour les fonctionnaires des communes et de l’Etat fédéral, qui devrait être du même ordre que celle d’IG Metall.

La fédération des fabricants de machines-outils VDMA s’est empressée de qualifier la revendication d'”exagérée” et “coupée de la réalité”.

Du côté de la fédération des employeurs, Gesamtmetall, on s’est déjà employé à réfréner les attentes, soulignant que les perspectives n’étaient plus aussi roses qu’il y a à peine quelques mois.

Mais l’économie allemande se porte tout de même mieux que la plupart de ses voisines. Et au vu de la pénurie de main d’oeuvre qui touche certains secteurs, et alors que le gouvernement pousse à un alignement des salaires des intérimaires sur ceux du reste des salariés, des hausses importantes de rémunérations paraissent inévitables.

Ralph Solveen, de Commerzbank, table ainsi sur des hausses de l’ordre de 3,5% à 4% dans la métallurgie mais aussi dans la chimie. Ce secteur aussi a bien redressé la tête après la crise, et ses quelque 500.000 salariés, dont l’accord actuellement en vigueur expire fin mai, veulent en cueillir les fruits.

Cette année, au sein de la zone euro, l’Allemagne “devrait être en tête” du rythme de hausse des salaires en zone euro, prédit M. Solveen, quand partout ailleurs l’heure est à la restriction budgétaire voire à la récession.

L’Allemagne se démarque, avec des perspectives meilleures que ses partenaires européens. L’idée fait son chemin que c’est “la main d’oeuvre qui a rendu possible ces succès” et qu’elle doit en être récompensée, selon M. Huber.

Les Allemands se sont serrés la ceinture pendant des années. Une modération salariale qui fait débat aujourd’hui, sur fond de crise de la dette et de recherche fébrile de ses causes et ses remèdes.

L’Allemagne s’érige, et est érigée par certains de ses partenaires dont la France, en modèle de compétitivité en raison de cette retenue salariale.

Pour l’Organisation internationale du travail (OIT), la politique allemande de compression des salaires est au contraire “la cause structurelle” de la crise que traverse la zone euro, selon une étude publiée fin janvier.

Pour M. Solveen, “l’Allemagne va petit à petit perdre en compétitivité-prix au sein de la zone euro” alors que ses salaires grimpent et que, largement sous la pression de Berlin, les pays très endettés s’attellent à réformer leur marché du travail.

Mais “ce processus devrait être plutôt long”, relève-t-il, et la concurrence des pays d’Europe de l’Est voisins, tout comme un solde migratoire appelé à redevenir positif, vont maintenir un couvercle sur les coûts du travail.