La consommation d’électricité française devrait finalement battre son record

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à haute tension près de Strasbourg, le 6 février 2012 (Photo : Frederick Florin)

[07/02/2012 16:17:54] PARIS (AFP) Après avoir déjà frôlé ces jours-ci ses sommets de fin 2010, la consommation d’électricité française devrait finalement établir ce mardi un nouveau record historique, sous l’effet des températures mordantes qui continuent de sévir sur tout le pays.

La consommation d’électricité française devrait atteindre le niveau jamais vu de 100.200 mégawatts (ou 100,2 gigawatts) ce mardi à 19H, selon les dernières prévisions mises à jour dans l’après-midi par le gestionnaire du réseau RTE.

Cela signifie que le record historique de 96.710 mégawatts atteint le 15 décembre 2010 a de très fortes chances d’être dépassé ce mardi.

RTE, filiale d’EDF qui gère le réseau national de lignes à haute tension, avait déjà anticipé que ce pic historique serait dépassé ces derniers jours à l’heure de pointe (entre 18 et 20H). Mais à chaque fois, la consommation réelle s’était avérée un peu inférieure aux attentes et n’avait donc fait que frôler ce sommet.

Cependant, le gros écart entre le pic prévu ce mardi par RTE et le record mesuré fin 2010 laisse penser que cette fois-ci, ce sommet sera bien dépassé.

EDF et les autorités assurent que ce bond de la consommation électrique, provoqué par le grand froid et le fort équipement en chauffage électrique des Français, ne provoquera pas de “black-out” national. Le système électrique a d’ailleurs tenu le choc jusqu’ici sans connaître de pépin.

La production d’électricité est en effet au rendez-vous, grâce aux centrales nucléaires qui fonctionnent à plein (seuls 3 réacteurs sur 58 sont à l’arrêt pour cause de maintenance), au recours à des unités “d’appoint” déclenchables quasi-instantanément (barrages hydroélectriques, centrales thermiques au fioul, au gaz ou au charbon), le tout complété par des importations de courant de pays voisins.

– appels au civisme –

Mais des alertes à réduire l’utilisation de l’électricité ont tout de même été maintenues en Bretagne ainsi que dans le Var et les Alpes-Maritimes, régions les plus sujettes à des risques de coupures, du fait de fragilités internes, pour éviter tout problème. Des “alertes orange” Ecowatt sont en vigueur ce mardi dans ces régions.

Ces appels au civisme ont d’ailleurs sans doute contribué à la consommation électrique un peu plus faible qu’anticipé mesurée ces derniers jours, bien que leur effet exact soit difficile à quantifier.

D’après RTE, le système d’alerte Ecowatt, lancé en 2010, toucherait déjà plus de 50.000 personnes, avec un effet sur la consommation d’électricité évalué à 2% en Bretagne et 3% en Provence-Azur, soit l’équivalent de ce que consomment respectivement les villes de Brest et de Fréjus.

Enfin, les bonds récurrents de la consommation de courant ne manquent pas d’alimenter le débat sur le modèle électrique français, et le recours très important du pays au chauffage électrique, qui amplifie les pics en fin de journée.

Lundi, le ministre de l’Industrie Eric Besson avait assuré que si la France avait moins recours au nucléaire, elle dépendrait de livraisons de gaz russe pour produire l’électricité dont elle a besoin en ces périodes de grand froid.

La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, a au contraire accusé mardi EDF et son patron Henri Proglio de “redoubler de ridicule en appelant les Français au civisme”, estimant que les appels à modérer la consommation électrique étaient révélateurs “des dysfonctionnements d’une politique énergétique sacrifiant l’intérêt général au bénéfice des actionnaires d’EDF”.