Grèce : le Premier ministre négocie pour débloquer le plan de renflouement

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à Athènes le 7 février 2012 (Photo : Aris Messinis)

[07/02/2012 17:36:17] ATHENES (AFP) Le Premier ministre grec Lucas Papademos devait reprendre mardi soir les négociations avec les créanciers privés du pays et le trio de dirigeants soutenant son gouvernement pour débloquer le plan de renflouement et désendettement du pays préparé fin octobre par la zone euro.

Ces réunions, prévues autour de 17HOO GMT avec le patron du lobby bancaire mondial IIF, Charles Dallara, puis vers 19H00 GMT avec le socialiste Georges Papandréou, le conservateur Antonis Samaras et le leader d’extrême-droite Georges Karatzaféris, doivent conclure une journée de grève générale contre le nouveau train de mesures réclamé par l’UE et le FMI pour ne pas lâcher le pays.

Plus de 20.000 personnes ont manifesté à Athènes et Salonique pour protester contre cette nouvelle cure, prévoyant notamment une réduction du salaire minimum, des coupes dans les retraites complémentaires et 15.000 suppressions d’emploi dans la fonction publique.

“La situation a atteint ses limites. Soit c’est eux qui sautent, soit c’est nous” disait dans le cortège, Yorgos, plombier à Athènes. Tandis que Costas, employé de banque, se lamentait de voir le pays “qui s’enfonce” alors qu’il est “gouverné par des voyous”.

“Le texte final du memorandum” négocié depuis trois semaines avec la troïka des créanciers UE-BCE-FMI “vient d’être finalisé et envoyé aux trois chefs de parti”, en vue de leur réunion dans la soirée, a indiqué à l’AFP une source au cabinet de M. Papademos mardi soir.

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éité, le 7 février 2012 (Photo : Aris Messinis)

S’ils l’avalisent, “nous espérons être en mesure de publier un document” reprenant les grandes lignes des mesures prévues, a-t-elle ajouté. Dans ce scénario, le contreseing politique grec serait formalisé en conseil des ministres mercredi jeudi, puis présenté dans la foulée à l’Eurogroupe.

FMI et zone euro, dont la patience s’épuise face aux retards grecs, réclament un engagement explicite des trois partis gouvernementaux sur cette nouvelle purge pour débloquer 130 milliards de prêts promis fin octobre, et donner leur feu vert au lancement de la restructuration de la dette grecque détenue par les créanciers privés.

Avec M. Dallara, M. Papademos doit passer en revue les derniers points laissés en suspens pour cette opération, après la quasi-finalisation d’un accord fin janvier. Cet effacement de 100 milliards de créances détenus par banques et fonds, au prix pour eux de pertes réelles d’environ 70%, devrait ramener la dette grecque autour de 120% du PIB en 2020.

Devant les tergiversations des leaders politiques, déjà réunis dimanche par M. Papademos, le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos avait dénoncé dans la nuit le “manque d’unité” politique.

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à Athènes le 5 février 2012 (Photo : Aris Messinis)

De leur côté, créanciers et partenaires ont accru la pression: la commissaire européenne chargée des Nouvelles Technologies, la Néerlandaise Neelie Kroes, a estimé qu’il n’y aurait “pas mort d’homme” si la Grèce sortait de la zone euro.

Le couple Merkel-Sarkozy a, lui, suggéré la création d’un compte bloqué pour garantir que les prêts à la Grèce iraient au service de la dette, une proposition soutenue par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.

Mais les sympathisants de la centrale syndicale du privé (GSEE, 700.000 adhérents) et celle du public (Adedy, 350.000) ne l’entendaient pas de cette oreille, descendus dans la rue mardi sous le mot d’ordre “ça suffit, on n’en peut plus”. Comme souvent, les rangs les plus fournis étaient ceux du syndicat communiste, Pame.

“Non aux licenciements dans la fonction publique”, “Non à la baisse du salaire minimum” et “Non aux réduction des retraites complémentaires”: les bannières résumaient en creux les nouveaux sacrifices se profilant, après déjà trois trains de mesures de rigueur en contrepartie des premiers prêts UE-FMI de mai 2010.

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à Athènes le 7 février 2012 (Photo : Aris Messinis)

“On est là parce qu’on sera dans les premiers de la prochaine fournée de 15.000 à être licenciés”, a expliqué Vassilis Bakalis, 34 ans, conservateur au musée Byzantin d’Athènes. Les administrations, services et transports publics ont été affectés.

Pour sécuriser l’aide européenne, qui doit éviter un défaut de paiement au pays dès le mois de mars, le gouvernement vise en plus des mesures de déréglementation à des économies budgétaires de 3,3 milliards d’euros.

Malgré l’agitation sociale et la nervosité des marchés, la Grèce a réussi mardi à lever 812,5 millions d’euros en bons du Trésor à six mois, à un taux d’intérêt en très légère baisse (4,86%) par rapport à la dernière émission du même type.