L’Eurofighter décidé à souffler au Rafale le “contrat du siècle” indien

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écembre 2011 sur la base isarélienne de Uvda (Photo : Menahem Kahana)

[07/02/2012 22:22:45] PARIS (AFP) L’Inde a beau avoir préféré l’avion français Rafale pour équiper son armée de l’air, le consortium Eurofighter est prêt à tout pour lui souffler “le contrat du siècle” et ses menaces sont crédibles, estiment les analystes.

Dassault, le constructeur du Rafale, dont l’offre a été jugée la moins chère, a été retenu par New Delhi pour entamer des négociations. Mais celles-ci s’annoncent ardues et l’avionneur français n’a pas encore remporté ce contrat pour 126 appareils, estimé à 12 milliards de dollars.

D’autant que son rival britannique BAE Systems, numéro un européen de l’industrie de l’armement et le champion du Typhoon d’Eurofighter, ne s’avoue pas vaincu.

“Toutes les options sont sur la table”, y compris une baisse de prix, a déclaré mardi au Financial Times le directeur général de BAE Systems, Ian King, annonçant qu’il allait en discuter avec les partenaires du consortium, allemands et espagnols au sein du groupe EADS et les Italiens de Finmeccanica.

Déjà, le jour de la sélection du Rafale, le Premier ministre britannique David Cameron s’était engagé “à faire tout ce qui est en son pouvoir” pour amener les autorités indiennes à réexaminer l’offre du Typhoon.

“Je pense que la déclaration de Ian King est crédible”, a déclaré à l’AFP Guy Anderson, analyste en chef chez IHS Jane’s. “Nous savons tous que le contrat est loin d’être signé. Une offre substantiellement meilleure, en termes de prix mais aussi de participation industrielle, pourrait suffire à ramener Eurofighter dans la course. Ce ne serait pas surprenant dans le monde de la défense”.

Richard Aboulafia, analyste du groupe américain Teal, estime aussi que “jusqu’à la dernière minute tout est possible. BAE et ses partenaires peuvent réduire leur prix et seraient bien avisés de le faire au vu de l’approche contradictoire suivie par l’Inde dans ce projet”

“C’est comme acheter une Ferrari et chicaner sur le prix”

Il voit la contradiction dans le fait que l’Inde aurait fait son choix final sur la base du prix, après avoir retenu au premier tour les avions de combat les plus chers sur le marché, le Rafale et l’Eurofighter, au détriment de leurs concurrents russes, américains et suédois.

“C’est comme aller s’acheter une Ferrari ou une Lamborghini et puis chicaner sur le prix”, estime-t-il.

Les Indiens demandant à la fois un maximum de production locale et d’importants transferts de technologie, “ce n’est pas le prix qui devrait être le facteur décisif, mais l’efficacité de l’appareil”, ajoute l’expert américain.

Toute la question est de savoir si le prix a bien été un facteur décisif dans le choix de New Delhi, remarque Christophe Menard, analyste chez Kepler Capital Markets.

Dassault a souligné qu’il vendait des avions de combat à l’Inde depuis 1953. L’armée de l’air est équipée de Mirage 2000, qui ont été engagés au combat contre le Pakistan, et qu’elle vient de décider de moderniser.

Pour M. Menard, cette expérience positive avec Dassault, “la polyvalence supérieure du Rafale sur le Typhoon” et “l’engagement de la France à continuer à le moderniser pendant les 30 prochaines années” sont probablement des raisons du choix de New Delhi.