Le jeudi 5 janvier 2012, une internaute au nom de Tunes Didon exprimait, dans un texte publié sur son profil Facebook, son désespoir de «cette scène politique tunisienne stérile, inefficace, où on n’entend plus que l’écho des opportunistes, des obscurantistes, des RCDistes “recyclés”… Y a-t-il quelqu’un pour sauver le pays?».
En fait, elle pose une question capitale pour le pays aujourd’hui, celle de l’alternative.
Quelle alternative pour la Tunisie aujourd’hui alors que nous voyons le pays s’enliser de plus en plus dans des problèmes insolubles autant sociaux qu’économiques et politiques?
Quelles sont les forces politiques qui pourraient donner le change, qui ont la vision et une stratégie pour faire avancer les choses en préservant les acquis du pays, en donnant de l’espoir à la population et du rêve aux jeunes ?
A observer le terrain, on n’en voit pas beaucoup. Les partis politiques n’expriment pas clairement leurs avis concernant les orientations politiques et socioéconomiques du gouvernement si ce n’est et rarement par des communiqués expéditifs. Ils n’arrivent ni à s’expliquer ni à expliquer et encore moins à donner le change aux Tunisiens avides de découvrir un «leadership» qui ne semble ni assurer ni rassurer.
Ils se débattent dans leurs cuisines internes, ne digèrent pas encore leurs échecs électoraux et gèrent leur quotidien marqué par des moyens financiers presque inexistants et des militants désœuvrés et découragés qu’il va falloir de nouveau convaincre et mobiliser.
Comment pourraient-ils dans ce cas plancher sur les problèmes du pays alors que sur le terrain la situation socioéconomique se complique de plus en plus? Ces tout récents jours, les conditions climatiques difficiles n’ont fait qu’assombrir le tableau alors que les populations prises d’assaut par la vague de froid n’arrivent pas à se défendre contre la dureté de la vie.
Le gouvernement, exceptées quelques opérations d’urgences, est tellement submergé par les problèmes sociaux, économiques et sécuritaires qu’il n’arrive plus à les gérer comme il se doit, si ce n’est par les discours et les promesses.
Hamadi Jebali, chef du gouvernement, a, il y a quelques jours, appelé les représentants de l’opposition à l’intérieur de la Constituante à faire des propositions et exprimer leurs opinions quant aux meilleurs moyens de gérer le pays économiquement et socialement.
«Il va falloir un gouvernement d’urgence nationale», clame Mondher Belhaj Ali, universitaire. Alors que Maya Jribi, secrétaire générale du PDP, déclarait sur les ondes de Shems FM que «la Tunisie a besoin d’un plan de sauvetage national pour lutter contre l’insécurité et l’augmentation du chômage, et prévenir un recul des libertés individuelles».Nejib Echebbi, pour sa part, déplorait la «situation critique du pays, caractérisée par une instabilité sociale, un blocage économique, des problèmes de sécurité, une conjoncture internationale peu favorable».
A voir l’état d’esprit des Tunisiens dans la rue, dans les administrations et dans le secteur privé, on y lit la peur de voir s’installer le marasme économique. Une situation qui appelle à une alternative qui conforterait l’espoir et rétablirait la confiance aussi bien du peuple que des partenaires économiques et investisseurs à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
«Des signes forts sont nécessaires pour faire sortir le pays de l’ornière dans laquelle il se débat depuis trois mois. Les principaux acteurs de la vie politique et économique ainsi que les composantes de la société civile doivent s’atteler à un projet commun pour amorcer une sortie de crise», a appelé Mondher Belhaj Ali. Car, pour que le pays puisse s’en sortir, il faut bien qu’il y ait un pilote dans l’avion. Des négociations ont été entamées, il y a peu de temps, entre différentes partie politiques pour présenter l’alternative et s’accorder sur la marche à suivre pour avancer dans le bon sens. Dans les semaines qui viennent, nous y verrons un peu plus clair, d’après M. Belhaj Ali.
Sur les réseaux sociaux, les appels fusent de partout pour unir les efforts et participer à la sortie de crise. «L’essentiel est que l’on ne nous mène pas de nouveau sur le terrain glissant des discussions idéologiques, religieuses ou morales. J’estime qu’il y a des choses sur lesquelles, nous ne devons pas revenir, notre religion et notre moralité. Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est que notre gouvernement nous donne un tableau de bord sur lequel nous pourrons, en tant que citoyens tunisiens, lire ce qui va se passer et comment on compte y arriver. Et ceci dans tous les domaines, principalement dans le social et l’économique. En prime le chômage et une sortie de crise concrète», indique Nadia L., cadre moyen au ministère de l’Enseignement supérieur.