Areva-Lauvergeon : le bras de fer judiciaire se poursuit sur deux fronts

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

[08/02/2012 17:25:38] PARIS (AFP) L’ancienne patronne d’Areva Anne Lauvergeon a poursuivi mercredi le bras de fer judiciaire engagé contre son ex-employeur en demandant une expertise judiciaire dans l’affaire Uramin, ainsi que le versement de 1,5 million d’euros d’indemnités de départ.

Devant le tribunal de grande instance de Paris, Mme Lauvergeon a d’abord demandé une expertise sur les conditions dans lesquelles Areva a commandé en 2010 un rapport sur son rachat controversé de la société minière UraMin.

Le tribunal dira le 29 février s’il charge ou non un expert de travailler sur ce rapport de la société de conseil Apic, qui indiquait que cette OPA de 2007 avait été une “escroquerie” pour Areva.

Le rapport Apic, dont Mme Lauvergeon conteste les conclusions, avait été, selon son avocat Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, le “détonateur” d’une enquête privée menée à partir de mars 2011 par la société suisse Alp Services.

Cette enquête, commanditée par un cadre dirigeant d’Areva, visait à déterminer si plusieurs personnes, dont l’époux de Mme Lauvergeon Olivier Fric, avaient bénéficié de manière illégitime du rachat d’UraMin.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur les investigations menées par Alp Services, à la suite d’une plainte pour espionnage de Mme Lauvergeon et de son époux.

“Atomic Anne” s’est ensuite tournée vers le tribunal de commerce, où elle a déposé en janvier un autre référé contre Areva, pour obtenir le versement de 1,5 million d’euros d’indemnités de départ.

Le juge des référés s’était fait assister pour l’occasion de deux autres magistrats.

Anne Lauvergeon réclame le versement d’une indemnité de 1.060.000 euros, plus 440.000 euros au titre d’une clause de non concurrence, conformément à un protocole transactionnel négocié après son départ.

Mme Lauvergeon estime qu’il y a eu “une volonté du directoire d’Areva de ne pas transmettre au ministre” de l’Economie François Baroin le protocole d’accord sur ses indemnités, ce qui retarde le versement de la somme.

Selon Mme Lauvergeon, ce retard est lié au dépôt de sa plainte pour espionnage dans l’affaire Uramin. “Je porte plainte contre X et curieusement, derrière, la transaction s’arrête”, a-t-elle déclaré à la presse après l’audience.

Areva est contrôlé par l’Etat, son premier actionnaire. La semaine dernière, l’avocat du groupe, Me Jean Reinhart, avait expliqué que le “protocole transactionnel” avait été transmis à Bercy, conformément à un décret de 1953 sur le contrôle des entreprises publiques, et n’attendait plus que son feu vert pour être appliqué.

La remise effective de cet accord au ministre a été faite “peut-être parce qu’on a demandé ce référé”, a estimé Mme Lauvergeon.

Techniquement, la défense de Mme Lauvergeon réclame qu’Areva lui remette la copie de l’accord signé à l’automne.

L’avocat d’Areva Me Reinhart a dénoncé mercredi “l’agitation médiatique et judiciaire de Mme Lauvergeon”.

Selon lui, Areva signera “bien évidemment” le protocole, il “faut juste attendre que le temps passe” jusqu’à la validation par Bercy, “qui doit intervenir d’ici au 25 mars.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 22 février.