La question de la gouvernance du système financier a toujours été d’actualité surtout suite aux crises financières qui ne cessent de fragiliser les secteurs financiers dans le monde. Sans oublier que pour réussir la transition démocratique que vit la Tunisie, il est indispensable de mener les réflexions nécessaires quant aux nouveaux modèles de gouvernance à appliquer, particulièrement dans les secteurs financier et bancaire.
C’est dans ce cadre que l’Académie des Banques et Finances, en partenariat avec la Banque centrale de Tunisie et la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis, a relancé, le jeudi 2 février, la question de gouvernance en organisant un colloque international, à Tunis, intitulé «le système financier tunisien: un nouveau mode de gouvernance au service de la performance économique».
La réflexion sur la gouvernance du système financier tunisien (banques et marché financier plus précisément) a dominé les travaux de ce colloque au cours duquel les participants experts ont essayé de répondre à la question suivante: Quels sont les préalables pour une bonne gouvernance bancaire et financière dans la Tunisie démocratique?
La bonne gouvernance et la performance bancaire
Pourquoi les banques requièrent-elles une gouvernance spécifique? Les banques jouissent d’un monopole de création monétaire ainsi que de la confiance du public. Il ne faut pas, par conséquent, transposer arbitrairement les moyens de bonne gouvernance régissant d’autres domaines au secteur bancaire dans la mesure où ce dernier présente des spécificités qui lui sont propres. Les banques doivent prendre en compte aussi bien l’intérêt de leurs actionnaires mais aussi faire prévaloir ceux de leurs dépositaires. Le conseil d’administration se doit d’être compétent et composé de profils complémentaires.
Les régulateurs, aussi bien la Banque centrale que le marché lui-même, doivent avoir un rôle important à jouer dans l’application de la bonne gouvernance. Les intervenants ont ainsi insisté sur la nécessité d’adopter et d’appliquer tous les dispositifs de la circulaire 06-2011 élaborée par la Banque centrale de Tunisie dont la mise en œuvre pourra être concrétisée par le renforcement des normes prudentielles, c’est-à-dire l’adoption des accords de Bâle II. Ainsi, pour les intervenants, la mise en place de Bâle II devra se faire en douceur et la préparation du passage au Bâle III devra être prévue.
La bonne gouvernance et la performance du marché financier
Les points forts du marché financier tunisien résident dans le fait qu’il s’agit d’un marché organisé, transparent et disposant d’une infrastructure technique conforme aux standards internationaux. Cependant, notre marché présente également des points faibles, à savoir que c’est un marché peu profond, peu compétitif et caractérisé par une quasi-absence d’investisseurs institutionnels.
Il faut aussi souligner la quasi-absence de la culture de marché chez les managements et les médias même si ceci est en train de changer petit à petit et que des moyens sont mis en place dans le but de vulgariser cette culture de marché en la rendant accessible et compréhensible pour tous.
La bonne gouvernance peut aussi se faire par une révision des conditions d’accès au Marché alternatif, et par des mesures comme l’association des salariés dans le capital de la société.
Transition démocratique et bonne gouvernance du système financier
L’un des secteurs nécessitant une réaction urgente et des réformes draconiennes, au cours de la transition démocratique, est sans doute le secteur financier. Les intervenants ont souligné qu’il est primordial de développer le marché financier tunisien notamment le marché obligataire, de trouver une solution aux créances douteuses et d’accorder une attention particulière aux PME, et ce en remédiant à leurs problèmes de financement.
Du reste, l’un des intervenants a insisté sur le fait que «la bonne gouvernance n’est pas qu’un corpus de textes juridiques. C’est aussi et surtout un état d’esprit et de bonnes pratiques reconnues. C’est également la rencontre d’une volonté politique forte et l’implication de l’ensemble des parties prenantes».
In fine, la bonne gouvernance ne doit pas rester au stade d’une simple intention, au contraire, elle doit se concrétiser par la prise des mesures nécessaires et l’élaboration d’un plan d’action urgent et efficace.