ès à Paris (Photo : Miguel Medina) |
[09/02/2012 12:53:30] PARIS (AFP) Après un nouveau record historique de ventes en 2011, Hermès espère franchir en 2012 les 3 milliards d’euros, mais le résultat final dépendra notamment de la capacité à pallier le manque de stocks, a dit son patron Patrick Thomas dans un entretien à l’AFP jeudi.
“J’espère bien qu’en 2012 nous ferons au moins 10% de croissance voire mieux”, et “il est très probable que ce seuil (de 3 milliards d’euros) soit franchi en 2012, à moins d’une catastrophe”, a-t-il déclaré.
Le fabricant des sacs Kelly et Birkin et des carrés de soie a publié jeudi un chiffre d’affaires record en 2011, à 2,84 milliards d’euros. Soit 18,3% de plus qu’en 2010, où les ventes avaient déjà été d’un quart supérieures à 2009.
“Pour nous ça va très bien. Hermès a fait en 2011 une année tout à fait exceptionnelle”, et s’il n’y avait pas eu un manque de stocks, “il est possible” que Hermès aurait franchi la barre des 3 milliards dès 2011.
Toutefois “l’ambition de la maison n’est pas d’être grosse, mais meilleure. La taille n’a pas beaucoup d’importance. Ce qui compte, c’est la qualité de l’objet”, a dit M. Thomas.
La pénurie de marchandise, souci persistant chez Hermès, aura des conséquences pour 2012: “Nous avons à reconstituer des stocks dans nos magasins (…) puisqu’on a fini l’année 2011 avec des stocks très bas. Selon notre capacité à le faire, les résultats de 2012 seront plus ou moins bons”, a expliqué Patrick Thomas. “Dans plusieurs endroits du monde, on a des listes d’attente”.
Du coup, Hermès va investir massivement. Les productions “vont augmenter considérablement en 2012, surtout dans deux secteurs: les textiles (…) où la production va augmenter de plus de 20%, et la maroquinerie”.
“Nous allons construire deux nouvelles maroquineries, l’une à Montbron près d’Angoulême et l’autre en Rhône-Alpes”, dans chacune d’elles travailleront à terme entre 200 et 250 personnes, a indiqué M. Thomas.
Hermès va aussi continuer à recruter sur d’autres sites et faire “des investissements significatifs dans l’horlogerie”.
La maison a aujourd’hui “environ 40 établissements artisanaux industriels en France et en Suisse”. Elle a créé en 2011 “plus de 600 emplois net” et en créera au moins autant en 2012, selon M. Thomas. Hermès fabrique dans ses propres ateliers environ 85% de ce qu’il vend en magasin (par opposition aux ventes en gros), et sur les produits en magasin, environ 90% sont “made in France”.
Hermès a par ailleurs souffert en 2011 du renchérissement des matières premières, “dans les peaux précieuses, la soie, l’or et l’argent”, a indiqué M. Thomas. Cela n’a pas eu d’impact sur les prix en 2011 mais ce problème, conjongué à celui de l’évolution des devises, crée “un risque d’augmentation des prix en 2012 en Europe et dans la zone dollar”.
Du côté des magasins, Hermès misera en 2012 sur la Chine, où la demande de luxe explose. “Trois nouveaux magasins vont ouvrir en grande Chine, à Pékin, à Wuhan et à Taïwan”, et ce seront les seules inaugurations en 2012 de magasins appartenant à Hermès. Mais des concessions ouvriront aussi, comme à Abou Dhabi, et 14 magasins seront rénovés ou agrandis. “En 2012, nous ralentissons un peu le rythme des ouvertures parce qu’il faut pouvoir approvisionner en produits. Notre priorité est de reconstituer les stocks”, a indiqué M. Thomas.
Quant à Shang Xia, la marque chinoise lancée en 2010 par Hermès à Shangaï, “ça marche très bien, c’est plutôt au-delà de nos espoirs”.
Enfin, M. Thomas s’est montré serein face à l’intrusion dans le capital de Hermès du géant LVMH, qui détient 22,28% du sellier. “La maison est protégée pour les 20 années qui viennent, voire plus…”, a-t-il dit, en allusion à la holding familiale H51 constituée en décembre pour contrer les appétits de LVMH.