La BCE garde son taux à 1%, ouverture sur la Grèce

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ésident de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi lors de la conférence de presse du 9 février 2012 à Francfort en Allemagne (Photo : Emily Wabitsch)

[09/02/2012 17:12:39] FRANCFORT (AFP) Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, pressé de se porter une nouvelle fois à l’aide de la Grèce, a laissé entendre jeudi que son institution pourrait accepter à la rigueur de renoncer à ses plus-values sur les obligations grecques en sa possession.

“Si la BCE redistribue une partie de ses profits (tirés de ces obligations, ndlr) aux Etats membres de la BCE (…), il ne s’agit pas de financement monétaire” des Etats, lequel est prohibé par les traités européens, a-t-il lâché à la toute fin de sa conférence de presse mensuelle.

Alors que la Grèce a obtenu de ses créanciers privés qu’ils abandonnent une partie de leurs créances -100 milliards d’euros-, la BCE est appelée aussi à faire un geste.

M. Draghi a exclu à plusieurs reprises d’accuser la moindre perte sur les obligations grecques détenues -45 milliards d’euros selon un banquier central- mais a donc évoqué cette possibilité de céder des plus-values, sans préciser de quelle manière.

Alors que l’Eurogroupe se réunit à partir de 17H00 GMT à Bruxelles pour discuter du versement des 130 nouveaux milliards d’euros d’aide promis à la Grèce en octobre, une réunion à laquelle M. Draghi doit prendre part, les spéculations allaient bon train sur ce qu’il pourrait y accorder.

Pour Jörg Krämer, chef économiste chez Commerzbank, la BCE pourrait accepter de céder au fonds de secours européen FESF ses obligations grecques au prix où il les a acquises, soit en moyenne à 75% de leur valeur faciale et oublier la différence. Cela correspondrait à une ristourne de 11 à 12 milliards d’euros accordée à la Grèce.

Pour Carsten Brzeski d’ING, la BCE pourrait au contraire choisir de toucher ses plus-values pour les redistribuer aux 17 banques centrales nationales de la zone euro, au prorata de leur capital au sein de l’Eurosystème. Les pays membres pourraient utiliser cet argent au profit de la Grèce.

Une interprétation que semblerait valider la mention par M. Draghi d’un panachage des plus-values “en fonction de la clé de répartition” du capital de la BCE.

L’Italien s’est par ailleurs étendu sur le résultat de l’opération inédite de prêt à trois ans de la BCE réalisée en décembre, baptisé LTRO, qui a contribué à rétablir la quiétude sur les marchés financiers et obligataires.

Se référant à l’avis d’experts, il a estimé que le montant de la seconde opération prévue fin février “pourrait être autour de celui de la dernière fois”, soit 489 milliards d’euros. Et a redit qu’il s’agissait principalement avec cette mesure de favoriser l’octroi de crédit au sein de la zone euro, ce qui pour l’instant ne s’est pas montré très concluant.

Les conditions de crédit aux ménages et entreprises de la zone euro se sont en effet resserrés fin 2011, un mouvement qui risque de se poursuivre en ce début d’année selon une enquête de la BCE auprès des banques.

Mais “nous devons attendre un petit peu” avant de juger de l’efficacité de cette mesure non-conventionnelle, a-t-il encore estimé.

Pour favoriser la participation de davantage d’instituts à ce nouveau LTRO, la BCE a en tout cas décidé d’élargir dans sept pays la gamme de garanties qu’elle exige en échange de crédits qu’elle accorde, pour permettre à davantage d’établissements de prendre part à ce LTRO.

Encouragé par des indicateurs économiques meilleurs qu’attendus en début d’année en zone euro, le conseil des gouverneurs de l’institution monétaire de Francfort (ouest) a décidé jeudi sans surprise de laisser son principal taux directeur à 1%, son plus bas historique.

Une baisse de ce taux n’a même pas été discutée selon M. Draghi qui s’est montré d’un optimisme prudent pour l’avenir.

“L’incertitude est élevée en raison du ralentissement de l’économie mondiale, de la crise de la dette, du resserrement du crédit”, a-t-il dit, appelant encore une fois les gouvernements à faire leur travail pour rétablir leurs finances.

Les économistes attendent de ce fait une nouvelle baisse de 0,25 point du taux directeur lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs début mars. La BCE publiera à cette occasion ses nouvelles prévisions de croissance et d’inflation.