éroport de Roissy, près de Paris, le 7 février 2012 (Photo : Bertrand Guay) |
[10/02/2012 06:53:42] PARIS (AFP) Le trafic aérien doit revenir vendredi à la normale après quatre jours de grève, surtout suivie par les pilotes d’Air France, mais syndicats et gouvernement, qui ont rendez-vous dans la matinée, campent sur leurs positions, ce qui pourrait déboucher sur un nouveau conflit en février.
La compagnie a annoncé “se préparer à une reprise du programme de vol normal pour la journée du 10 février”, mais des retards sont néanmoins “prévisibles”.
“Cette reprise nécessitera des opérations de remise en ligne des appareils qui, en raison des conditions de grand froid régnant actuellement en Ile-de-France, pourraient occasionner quelques retards”, a expliqué Air France.
Les pilotes (30% de grévistes selon la direction, 60% selon le syndicat SNPL) ont réaffirmé jeudi leur détermination contre une proposition de loi encadrant davantage le droit de grève dans le transport aérien. Leur demande principale: le retrait de l’obligation d’un préavis individuel de 48 heures.
Selon Air France, jeudi 15% des hôtesses et stewards étaient en grève et quasiment aucun personnel au sol.
“Demain, s’il n’y a pas d’ouverture et si les portes restent fermées comme elles le sont depuis le début, très clairement, il y aura un autre mouvement”, a prévenu Yves Deshayes, président du SNPL national (syndicat de pilotes majoritaire).
ée nationale (Photo : Mehdi Fedouach) |
Interrogé sur d’éventuels amendements, le ministre des Transports, Thierry Mariani, a répondu: “On n’est pas là pour trouver un terrain d’entente avec les syndicats, mais pour organiser un service garanti.” Le ministre a également réaffirmé devant les sénateurs, qui examineront le 15 février la proposition de loi, “la détermination du gouvernement” à la soutenir.
Le texte de loi, déjà adopté à l’Assemblée fin janvier, impose aux grévistes, sous peine de sanction, de se déclarer individuellement 48 heures à l’avance. Les compagnies devront quant à elles communiquer des prévisions de trafic 24 heures en amont. L’objectif est d’instaurer, comme à la SNCF et à la RATP, un service optimisé en fonction des moyens humains disponibles, mais, pour les syndicats, ce texte vise “à limiter le droit de grève” dans un secteur privé et sans monopole.
Tous les syndicats du transport aérien avaient appelé les personnels des compagnies et de leurs prestataires (agents en escale, avitailleurs, bagagistes, etc.) à se mobiliser du 6 au 9 février. Ce mouvement, surtout suivi chez Air France, a entraîné des centaines d’annulations de vols, mais la compagnie a indiqué avoir envoyé 200.000 SMS ou courriels pour informer ses passagers (annulation, report, retard de vol), évitant ainsi des foules bloquées dans les aéroports.
éroport Roissy Charles de Gaulle (Photo : Bertrand Guay) |
Globalement, 75% de son programme de vols a été réalisé au cours des quatre derniers jours. La compagnie a toutefois été aussi contrainte à 300 annulations de dernière minute. Mercredi soir, 600 personnes ont ainsi été hébergées dans un hôtel, un chiffre identique à mardi soir, a indiqué un porte-parole de la direction.
Des facilités pour décaler son billet ont également été accordées. Environ 80.000 personnes par jour ont ainsi été transportées par Air France pendant le conflit, contre une moyenne de 110.000 à cette période de l’année et hors départs en vacances .
Les syndicats ont estimé que cette absence de pagaille et de “trouble à l’ordre public” est la preuve de l’inutilité de la loi.
Cette grève, qui coûte de 8 à 10 millions d’euros par jour à Air France selon la direction, intervient alors que le groupe Air France/KLM s’apprête à annoncer début mars des pertes pour la troisième année consécutive et qu’un plan drastique d’économies sur trois ans a été annoncé en janvier.